Repentless

Slayer

Nuclear Blast – 2016
par Côme, le 13 octobre 2015
5

Que faut-il encore aujourd’hui attendre d’un album de Slayer ? Depuis la mort du guitariste Jeff Hanneman et le départ du boucher Dave Lombardo, le quatuor californien fait aujourd’hui partie de ces groupes allégés en membres originels et qui vivent uniquement sur le prestige de leur nom - et quel nom dans le cas de Slayer. Cela ne les empêche cependant pas de régner en mâitres sur le music biz, passant leur temps sur des Main Stage et dans des salles certes aujourd’hui un peu moins combles (ou de taille plus modeste), et vendant surtout tellement de t-shirts que ceux-ci sont aujourd’hui l’uniforme de base de tout metalhead qui se respecte.

Malheureusement, une fois le produit de cette session studio dans les oreilles, le constat est alarmant et ce Repentless se révèle assez dispensable. Ne cédons pas à la facilité en en rendant seulement responsable l’absence de Jeff Hanneman et en lynchant le groupe sur les réseaux sociaux pour avoir osé commettre le crime de continuer malgré son décès. Certes l’absence d’un des deux compositeurs est flagrante, le disque ayant seulement été composé par Kerry King, qui n’est pas forcément connu pour son sens de la sobriété. A ce titre, saluons quand même un équilibrage assez sympathique entre morceaux rapides et pistes beaucoup plus downtempo d'une part, et un sens de la cohésion assez solide d'autre part, avec notamment le très efficace enchaînement « Wire/Atrocity/You Against You »

Mais malheureusement il reste un problème de taille : le manque d’originalité. C’est bien simple, on pourrait jouer au jeu des 7 différences avec leur disque précédent et avec celui d’encore avant, voire avec God Hates Us All, qu'on ne s'y retrouverait pas. Et même si Slayer n'a jamais été une formation célébrée pour son sens de la remise en question, il y a des limites entre les références et la copie. De la façon d’aborder les mêmes thèmes aux mêmes riffs connus de tous en passant par ces fameuses progressions, tout sonne comme sur leurs derniers albums, qui n’étaient malheureusement pas inoubliables.

Bref, malgré une forme intéressante, ce Repentless est un disque sans fond, qui n’atteint même pas le niveau d’un Christ Illusion déjà peu mémorable. Certes, Slayer fait du Slayer, mais le fait en roue libre pendant 40 minutes. Un nième disque pour un nouveau label (Nuclear Blast) et sans le mentor de toujours Rick Rubin, pondu par un groupe fatigué qui aurait peut-être dû se lancer dans un interminable baroud d’honneur, quitte à jouer les mêmes classiques soir après soir, et ne pas devoir faire du remplissage avec des titres moyens issus d'un nouvel album qu'il faut bien promotionner.