Regarde le ciel
Aline
Aline est un groupe qui revient de loin. Depuis trois ans et quelques singles (d'abord sous le nom de plume Young Michelin) jusqu'à un premier EP détonnant paru l'année dernière, les quatre copains d'Aline préparent leur retour, et le bon. Réalisé par Jean-Louis Piérot (ex-Les Valentins et producteur d'albums de Thiéfaine et Bashung entre autres), Regarde le ciel est une merveille de musique pop à la française à la production parfaite. Pour preuve, les morceaux que l'on connaissait déjà car sortis sur le label digital Holiday Records ou parus en CDR ou 45 tours (respectivement chez Dufflecoat Records ou La Bulle Sonore) se retrouvent transfigurés par la réalisation sonore.
L'album s'ouvre sur le premier morceau composé par le chanteur Romain Guerret en 2009 pour son nouveau groupe après avoir laissé tomber Dondolo, son projet précédent. Ce titre s'intitule "Les Copains", et on n'avait pas entendu en France une pièce instrumentale aussi mélancolique depuis les oeuvres géométriques du premier disque de Jacno.
La suite de l'album mêle, à parts à peu près égales, anciennes compositions et nouveaux morceaux qui n'ont pas à pâlir de leur envergure musicale par rapport aux plus gros tubes d'antan - car tube est bel et bien le terme qui caractérise le mieux "Elle m'oubliera", "Les Copains" ou "Teen Whistle.
La musique d'Aline épouse les traits simples et les aplats de couleur de sa pochette à double lecture. Quand au lexique employé, la langue française est judicieusement maniée dans les textes de Romain Guerret : les choix syntaxiques ainsi que l'acoustique des mots employés épousent impeccablement les lignes mélodiques.
Les douze titres de l'album se complètent et se talonnent avec harmonie. Aline sait alterner compositions délicatement sombres ("Il faut partir" ou "Elle et moi") et morceaux toutes griffes dehors, un poil nerveux ("Teen Whistle" ou "Obscène" en tête), jusqu'aux deux derniers morceaux du disque : celui qui mêle la fougue des guitares à l'élégance synthétique pour nous inviter à littéralement regarder le ciel, et la reprise dépouillé du thème de "Les Copains" par Anne Laplantine.
Regarde le ciel est un disque lumineux sans être aveuglant, à l'esthétique précisemment arc-boutée sur les sillons de certains de nos disques chéris de Jangle et Twee, aux mélodies tirées des plus beaux livres de recettes orientés pop ligne claire. Une nouvelle et franche idée de la pop moderne française, en somme.