Red, Yellow & Blue

Born Ruffians

Warp – 2008
par Jeff, le 8 juillet 2008
8

Depuis quelques années, Warp a pris la bonne habitude d’élargir ses horizons et d’inclure de temps à autre un groupe ne faisant pas spécialement ‘couleur locale’ dans son effectif composé d’un sacré paquet de sommités du monde électro (Boards of Canada, Squarepusher ou encore Plaid). Ces dernières années, le label s’est ainsi fait remarquer par la pertinence de ses choix (couplés au bon goût habituel de ses têtes chercheuses) en faisant découvrir à un très large public une belle brochette d’artistes que l'idée de passer le plus clair de leur temps à triturer des machines n'enchante pas particulièrement. A ce titre, les noms de Maxïmo Park ou Gravenhurst suffisent amplement à étayer mes propos. Aussi, chaque nouvelle signature rock du label est attendue avec beaucoup d’impatience et pour le coup, c’est sur les épaules des Born Ruffians, trois jeunes gars originaires de Toronto, qu’ont été placés pas mal d’espoirs. Et quand on sait que ces gamins se sont attirés les faveurs des gens de chez Warp avec pour seul arme massive de séduction un EP, on se dit que l'on doit tenir là un groupe des plus enthousiasmants… et une fois de plus, la maison londonienne ne nous déçoit pas.

S’appuyant sur une charpente basse-guitare-batterie mais faisant du boucan pour dix, Luke Lalonde, Mitch Derosier et Steven Hamelin pratiquent un rock dont la clairvoyance n’a d’égal que la simplicité. A ce sujet, ne vous laissez pas tromper par un morceau d’ouverture qui pourrait laisser penser que ces trois lascars dont la moyenne d’âge dépasse à peine la vingtaine se prennent pour les nouveaux chantres d’un folk rêveur et vespéral. C’est tout le contraire : la musique de ces 'voyous nés' déborde de cette énergie et de cette spontanéité toutes adolescentes qui font de Red, Yellow and Blue le remède idéal contre la prise de tête – pensez à du Tapes ‘N Tapes carburant au Red Bull ou à du Vampire Veekend en moins intello. Bien aidé par une production pas trop soignée qui donne à l’ensemble un côté ‘live’ bienvenu, le groupe livre un album qui ne connaît pas le moindre temps mort – exception faite du premier titre mentionné plus haut, bien évidemment. On sent par ailleurs chez le trio le genre d’attitude désinhibée et limite je-m’en-foutiste qui manque à tant de groupes de l'hexagone ou du plat pays et qui permet à la formation canadienne de faire la différence tout au long d’un album impeccable. En appréhendant leur art comme un jeu et non comme un exercice de style imposé, les Born Ruffians signent donc un album chaudement recommandé et dont la fraîcheur se fera certainement ressentir tout au long de l'été.

Le goût des autres :
8 Nicolas