Ready for the Weekend
Calvin Harris
L’une des critiques régulièrement adressée à notre rédaction est la suivante : nous serions trop gentils, nous bornant à enchaîner les papiers élogieux. Alors, Goûte Mes Disques, maison du bonheur où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ? Pas forcément. Parce que si nous devions nous astreindre à parler de tous les disques qui atterrissent dans nos boîtes aux lettres, autant vous dire tout de suite qu’on passerait pour la grande faucheuse. Aussi, avec cinq à dix chroniques par semaine, le choix se porte tout naturellement vers des disques qui nous touchent vraiment. Et puis, à l’occasion, on tombe sur de tristes bouses ou de grosses déceptions. Et là, on ressent comme qui dirait un besoin viscéral d’en parler, surtout quand l’artiste en question semble bénéficier d’un laissez-passer pour le léchage de cul caractérisé dans la presse dite ‘grand public’.
Pourtant, avec I Created Disco, Calvin Harris nous avait laissé une bonne impression, celle d’un album fait avec trois bouts de ficelle, dans le confort spartiate d’une chambrette, fourmillant de bonnes idées et propulsé au sommet des charts grâce à deux singles (« The Girls » et « Acceptable in the 80’s ») qui, deux ans après leur sortie, font encore des dégâts sur les dancefloors du globe. Et c’est justement ces derniers que le producteur écossais a décidé de s’approprier une bonne fois pour toutes avec un album dont le titre ne laisse nullement planer le doute sur les intentions du bonhomme : Ready For The Weekend.
Les choses sont donc on ne peut plus claires : avec ce second effort, Calvin Harris est venu pour en mettre plein la face à des armadas de kids boutonneux sapés New Era et Sixpack. Louable intention certes, à laquelle auraient même pu se rallier certains vieux croulants trentenaires comme votre serviteur si le contenu en valait un tant soit peu la peine. Malheureusement pour nos esgourdes, ce Ready For The Weekend est d’une nullité assez incompréhensible dans le chef d’un artiste qui avait su faire preuve de beaucoup de malice et de dérision sur son premier effort, et tout ou presque sur le disque est à jeter. Il faut dire que la volonté affichée de Calvin Harris de remettre au goût du jour cette Eurodance hédoniste et pas très intellectuelle qui a rythmé l’adolescence de nombre de nos lecteurs (2 Unlimited ! Ice MC !!! Culture Beat !!!) prend rapidement des airs de pétard mouillé et de pari artistique complètement foireux. Il suffit pour s’en convaincre de s’enfiler en une traite l’infâme « I’m Not Alone » qui, en quelque notes de synthé scandaleuses, vous propulse manu militari dans un club pouilleux de Benidorm, plein à craquer de teutons bourrés à l’alcool bon marché et qui hurlent comme s'ils venaient d’entendre la huitième merveille du monde.
Autant vous le dire tout de suite, une bonne partie du disque est du même acabit (quand il ne sonne pas comme du sous-I Created Disco). Aussi, si le single susmentionné vous file de l’urticaire, ne tentez pas une plongée dans Ready For The Weekend. Au mieux, bornez-vous à télécharger les rares bons morceaux du disque : « The Rain », ritournelle electro disco qui ouvre le disque et ne laisse pas présager une telle débâcle, « Dance Wiv Me », la collaboration avec Dizzee Rascal sortie il y a trois plombes mais qui n'a rien perdu de son éclat et le guilleret « Worst Day », très influencé par le Outkast des années 2000. Pour le reste, il est fortement conseillé de passer votre chemin. Quant à votre weekend, qu’il soit rythmé par YACHT, Pépé Bradock ou Few Nolder, c’est ce qui pourrait vous arriver de mieux.