Ratchet
Shamir
XL Recordings did it again. Ben ouais, on pourra dire ce que l’on veut, le flair de Richard Russell et sa capacité à signer les bons artistes au bon moment ne cesseront jamais de nous étonner. Tel un Simon Cowell des sphères branchouilles, l’Anglais a fait du label londonien une référence mondiale grâce à sa capacité à flairer les tendances et à anticiper les envies de son public - le fan de musique indé un brin hipster, pour faire simple. Des fois que vous n’auriez pas conscience du poids du meilleur pote de Damon Albarn, on lui doit une belle chiée de disques-balises de la pop culture, qu’on parle du The Fat of the Land de Prodigy, du Boy in Da Corner de Dizzee Rascal ou du 21 d’Adele.
Déjà dans les starting blocks histoire de dégainer quand le grime 2.0 explosera à la face du monde (le terrain a été préparé avec un EP Mumdance x Noveslit en début d’année) ou que la déferlante PC Music semblera inarrêtable (le phénomène QT est chez XL), Richard Russell se concentre actuellement sur Shamir, qui pourrait bien être le phénomène qui va ambiancer notre été. Et de phénomène il est en vraiment question quand on étudie d’un peu plus près la trajectoire de cet autodidacte d’à peine 20 ans qui, tout récemment encore, vivait encore chez sa maman, près de Las Vegas. Et si vous êtes déjà allés traîner vos guêtres dans ce coin légèrement paumé des Etats-Unis, une fois qu’on a enlevé les giga-casinos, il y a vite moyen d'avoir envie de se flinguer.
Pourtant, c'est tout le contraire qu’inspire la musique de Shamir: on gonfle les ballons, on se sape comme des zoulous, on prend cinq litres de poppers et à peu près autant de Bacardi Breezer, en n’oubliant pas de laisser le gros bâton qu’on avait dans le fion au vestiaire. Parce qu’avec Shamir, c’est le meilleur de la dance-pop de ces dix dernières années que l’on croise sur un disque qui aurait pu sonner de mauvais goût si cet amour du cheesy n’était pas aussi superbement assumé. Partant de là, le deal est assez simple: si les meilleurs titres de Hot Chip, Chromeo, Azari & III ou Hercules & Love Affair sont pour vous autant d’affronts à la dance music moderne, et si les musiques qui évoquent une certaine esthétique gay plutôt libératrice vous rebutent, vous pouvez vous éviter une expérience douloureuse et retourner directement à vos mixtapes de post-rock, vos EP’s de techno indus ou vos K7 de drone-ambiant.
Quant aux autres, ça ne sert à rien de chercher des raisons d'aimer ce disque: même si son caractère éphémère semble assez évident, c'est dans sa simplicité pop à toute épreuve et sa volonté de ne prêter allégeance à aucune mouvance que Ratchet atteint ses objectifs hédonistes et s'impose comme l'un des compagnons de route de choix pour notre été 2015 .