Rascalize
The Rascals
Avant de monter The Last Shadow Puppets en compagnie d’Alex Turner, leader des omnipotents Arctic Monkeys, Miles Kane avait une zone d’influence qui se limitait, grosso modo, à la seule région de Liverpool. Mais voilà, suite au succès bien mérité rencontré par The Last Shadow Puppets, c’est dans une nouvelle optique que presse et fans s'apprêtent à accueillir le premier album des Rascals – un trio dont tous les membres appartenaient auparavant aux Little Flames. C’est donc avec ses amis de longue date Joe Edwards et Greg Mighall que Miles Kane s’est lancé dans une véritable opération séduction qui vise, on le comprend tout à fait, à faire de ce dernier autre chose que le faire-valoir d’Alex Turner.
Au traditionnel petit jeu des influences, nos trois lascars dont la moyenne d’âge avoisine la vingtaine citent volontiers Scott Walker et David Lynch. Ceci étant, aussi alléchantes ces références puissent-elles sembler, c’est plutôt du côté des Arctic Monkeys (qui l’eut cru…) et de The Coral (avec qui ils partagent le label, Deltasonic) qu’il nous faudra aller chercher des éléments de réponse un tantinet plus probants. Avec des points de référence aussi évidents et talentueux, la tâche se révèle évidemment un peu plus ardue et voit les Rascals contraints de sortir le grand jeu s'ils ne veulent pas finir, comme beaucoup d’autres avant eux, dans ces bacs à soldes ou se bousculent ces armadas de groupes qui ont voulu imiter leurs idoles en oubliant qu’il fallait un minimum de talent pour percer. Mais restons honnêtes et réalistes : s’il est loin d’avoir l’élan créatif et la plume facile d’un Alex Turner ou d’un James Skelly, Miles Kane a néanmoins suffisamment de talent et de bonnes idées pour nous gratifier d’un album honnête et convaincant qui doit être pris, non pas pour un chef-d'œuvre, mais plutôt pour la première étape d'une carrière qu'on souhaite longue au groupe.
Capables de jouer la carte de la décontraction, mais surtout portés par des titres alliant noirceur et énergie (« I’ll Give You Sympathy », « Out Of Dreams » ou « Fear Invicted Into The Perfect Stranger »), Miles Kane et son Rascalize démontrent qu'ils ont les épaules suffisamment larges pour pouvoir encaisser les nombreuses critiques, parfois justifiées mais souvent faciles, qui risquent de s’abattre sur eux. Qu'importe, celles-ci seront probablement balayées par cette arrogance 'so British' dont sait faire preuve le groupe, et les Rascals, eux, continueront leur petit bonhomme de chemin.