Radio $ummer Hits
BabySolo33
Voilà déjà quelques années que BabySolo33 creuse son sillon dans le paysage du rap francophone, avec une proposition inédite qui la voit fusionner cloup rap et hyperpop pour un résultat qui comble les happys fews qui ont la chance d'avoir croisé sa route - ils sont quand même quelques dizaines de milliers tous les mois sur Spotify. La première raison de son succès, outre ses qualités musicales indéniables, provient sûrement de son personnage d'adulescente pas encore tout à fait sortie de ses nineties, mais qui sait se montrer acerbe et faire la part belle au second degré.
Moins d’un an après la sortie de son premier album SadBaby Confessions, l’artiste bordelaise a décidé de sortir un EP de 6 titres intitulé Radio $ummer Hits. Et on peut dire que le projet porte bien son nom, tant BabySolo33 semble s’être amusée à reproduire l’atmosphère de ces chaines de radio légères qu’on n’écoute que l’été, avec le dos qui colle au siège en simili cuir et des coups de soleil sur le bout du nez. Comme le passage d’un tube entre deux pages de pub pour de la crème glacée, l’immersion dans son projet est immédiate et son esthétique sonore rappelle très souvent son côté FM, que ça soit avec de la friture sur la ligne (« LagunaBeach »), des interludes lunaires qui ressemblent à celles que des gosses pourraient enregistrer sur leur magnétophones pour faire comme leurs rappeurs préférés sur datpiff.com (« 3h33 (Jingle) »), ou tout simplement avec des extraits d’émissions radio (véritables ou non) dans laquelle une journaliste fait l’éloge de notre intéressée (« RadioBbs »).
L’autre fil conducteur de cet EP est le même que dans ses projets passés, à savoir ses amours plus ou moins ratés. Comme dans un running gag de dessin animé, celle qui se rêve encore en princesse ne tombe décidément jamais vraiment sur son prince charmant : une fois passés le premiers moments d’émerveillement qui rappellent l’innocence de l’enfance (« Même si un jour, c'est fini Toi et moi, c'est Lilo et Stitch ») survient toujours un retour assez brutal au monde adulte. Et cela, BabySolo33 arrive à le retranscrire parfaitement dans ses morceaux, avec toujours des formules cash et drôles qui lui permettent d’évacuer la fumée qui lui sort par les trous de nez : « Il s'est cru dans GTA, il croit qu’il peut passer et m'tej comme ça / J'sais pas pourquoi j’plais toujours aux lauds-sa» sur « PrincesseGLr ». Ce côté très direct, très enfantin et très impulsif dans l’écriture de ses paroles, qui semblent d’ailleurs toujours s’adresser au même gars, fait qu’on s’attache très vite à la truculence de son personnage fan de Lolita malgré moi.
Cerise sur le gâteau, Radio $ummer Hits se termine de la meilleure façon avec le bonbon acidulé « Juventus » dans lequel BBS s’inspire peut-être des morceaux « Boom Clap » et « The Louvre » de Charli XCX et Lorde pour faire une analogie entre le boom boom de la musique et le rythme de son petit cœur bleu, tout en poussant une nouvelles fois tous les curseurs de la mignonnerie jusqu’au bout avec des paroles toutes roudoudoues. Etant donné qu’il n’y est nulle part question de football le titre du morceau pourrait simplement rappeler ses origines italiennes, tandis que ses références nombreuses à la Pop Culture et son usage régulier des onomatopées pourrait faire penser à l’écriture de certaines de ses influences comme PNL et Yung Lean. En 13 minutes et 7 secondes, le projet nous laisse naturellement beaucoup trop sur notre faim, mais il est certain qu’en continuant dans cette voie, BabySolo33 finira bien un jour par sortir un tube de l'été, un vrai.