Quicken The Heart
Maxïmo Park
Avoir été le premier groupe rock signé sur l’excellent label électro Warp aurait du être un atout fantastique pour la carrière de Maxïmo Park mais finalement, plus les années passent et plus le fardeau semble lourd à porter pour les Anglais. Car instinctivement, il semblerait que le fan de rock britannique de base attende plus de Paul Smith et des siens que des innombrables formations du même genre qui gravitent depuis quelques années sur la scène britannique avec plus ou moins de bonheur (des très bons Rakes aux médiocres Pigeon Detectives, j’en passe et pas forcément des meilleurs). A la décharge du groupe, il faut dire aussi que le hold-up complètement inattendu de A Certain Trigger a mis la barre tellement haute que l’on voit mal comment ne pas décevoir à chaque nouvelle galette. Ce fut le cas en 2007 avec le seulement moyen Our Earthly Pleasures, et ce sera sans aucun doute la même chose avec Quicken The Heart cette année.
Car effectivement, ce troisième disque enregistré à Los Angeles avec Nick Launay, producteur du dernier Nick Cave & The Bad Seeds notamment, est encore une fois moins bon que son illustre prédécesseur de 2005. Est-ce une raison pour bouder ce nouveau cru et rayer Maxïmo Park de la liste des formations qui comptent un peu ? Absolument pas, la preuve par trois. Primo, le groupe ne prend pas l’auditeur en traître puisqu’il fait exactement ce qu’annonce le titre, il accélère le rythme à grands coups de batterie et de sirènes hurlantes (cf. le démarrage en trombe de "Wraithlike"). Deuxio, Quicken The Heart renoue avec bonheur avec les ambiances si particulières qui ont permis au groupe de se démarquer avec A Certain Trigger, notamment ces petites touches électro qui ont su séduire Steeve Beckett, le fondateur du label Warp ("Tanned", le tube en puissance "Let’s Get Clinical"). Tertio, Paul Smith confirme une nouvelle fois qu’il est l’un des paroliers les plus doués du moment, avec ses histoires d’amours impossibles, de râteaux mémorables, de beautiful losers, et son usage incomparable de la métaphore ("Roller Disco Dreams").
Ces trois éléments posés, le disque comporte également son lot de petites déceptions, à commencer par l’absence de single aussi imparable que "Apply Some Pressure" ou "Our Velocity". Il est également dommage que le groupe ait presque complètement tourné le dos à la mélancolie et au classicisme de Our Earthly Pleasures, car dès que le cœur arrête de s’emballer ("I Haven’t Seen Her In Ages", "Questing, Not Coasting"), on découvre une formation franchement douée pour la mélodie et pas très éloignée du R.E.M. des débuts. Mais avant d’envisager une carrière similaire à celle des géants d’Athens, il fallait d’abord que le groupe reprenne pied et rassure les fans partis trop vite sur sa capacité à être aussi vital sur disque que sur scène. Alors en attendant mieux, Quicken The Heart fera très bien l’affaire…