Purple
Baroness
Le problème des albums sortant après le 15 décembre, c'est qu'ils seront toujours ignorés des sempiternels tops et autres classements de fin d'année, l'industrie de l'information musicale en ligne ayant décidé depuis un bon moment déjà de dégainer ses listes dès la fin du mois de novembre. On trouve cela fort dommage, surtout lorsque ça porte préjudice à un album du calibre de Purple, gentiment mis sous le sapin par le sludge métalleux de Baroness et sorti sur leur propre label Abraxan Hymns - après 5 années de collaboration avec la référence Relapse. Et puisque personne (ou presque) ne parlera de ce disque, on a décidé de le réhabiliter à notre façon, histoire de laisser une trace quelque part.
Purple, donc, est le titre de cet album. C'est la couleur d'un hématome en fin de cicatrisation. Et ça fait évidemment penser au grave accident de bus qu'a subi le groupe de Savannah, lors d'une tournée en 2013. C'est aussi ce qu'on obtient un mélangeant le rouge et le bleu, soit les couleurs qui donnaient leur nom aux deux premiers albums de Baroness. Un choix doublement judicieux. D'abord étant donné le(s) traumatisme(s) provoqué(s) par une chute de trente mètres du haut d'un viaduc quelque part dans la campagne anglaise. Ensuite et surtout car il combine tous les arguments convaincants que l'on avait appréciés sur les deux meilleurs albums des Américains - oui, on oublie Yellow & Green, long, poussif, et donc décevant à plus d'un titre.
Du Blue Record, on retrouve la qualité des refrains et le travail de composition. Du Red Album, l'efficacité redoutable et le côté straight to the point qui rend ce disque addictif dès la première écoute. La combinaison, ajoutée à un énorme travail de production de John Congleton (son CV parle pour lui...) et à la maturité acquise par le groupe, donne un résultat proche de la perfection et de ce que propose aujourd'hui Mastodon : un sludge métal raffiné dans les meilleurs usines, porté par des mélodies tirées au cordeau, des refrains fédérateurs, des riffs pesants et des solos survoltés.
N'y allons pas par quatre chemins : même si vous avez plein de choses à faire en cette fin d'année, écoutez vite Purple avant d'arrêter définitivement votre liste des plus grands disques de 2015 et faites-lui une jolie petite place, quelque part entre, au hasard, Kendrick Lamar et Viet Cong. Parce que ce disque vaut vraiment la peine et surtout parce que le long travail de Baroness pour exorciser certains démons force le respect.