Pulses & Places
Andrea Belfi & Machinefabriek
Vous n’avez jamais entendu parler de la série Brombron ? On ne vous en veut pas. Car il faut bien le dire, cette fusion entre les structures Staalplaat (Mort Aux Vaches) et Extrapool (pour amener des artistes en collaboration à poser des œuvres minimalistes au cœur de Nimègue) est une entreprise intimiste. Enfin, la présence du Néerlandais Machinefabriek, connu pour être un résident fidèle de l’excellent label New-Yorkais 12k (Giuseppe Ielasi, Lawrence English, Pillowdiver) devrait suffire à prouver que l’intime est ici synonyme de qualité. Associé à l’Italien Andrea Belfi, Rutger Zuydervelt se lance dans un projet électro-acoustique des plus excitants. En effet, sous l’intitulé Pulses & Places, notre binôme tente avec succès la combinaison de l’électronique minimaliste et des pulsations organiques. Et ces incursions organiques prendront vie sous forme de gongs, de cloches, de percussions, tandis que la matière électronique virevolte elle entre ambient atone et bleeps moléculaires.
Susciter l’intérêt avec un concept pareil avec quatre titres pour une demi-heure de musique, voilà un projet audacieux (voire carrément dangereux). Mais dès les premières secondes, on comprend que le propos sera concis et pourtant extrêmement dense dans sa mise en œuvre. Les deux premiers titres lâchent la matière sonore avec retenue, comme une poignée de souffles entrecoupés de légères fractures rythmiques. Et pourtant, on sent déjà l’œuvre monter en puissance de manière significative, sans doute en raison du soin apporté à la spatialisation des divers éléments musicaux. Mais c’est bien à partir de la troisième piste que tout le disque prend son sens : les improvisations prennent des tournures dramatiques, les nappes se font torturées et poignantes. Leur électro-acoustique prend couleur et tranchant à mesure que les secondes s’égrainent. La musique se met à révéler les tourments de son âme autant par ses absences que par son insistance dans le rythme. On tombe vite dans une épopée qu’on aurait pu qualifier de tribale si l’ensembles des cloches, basses et gongs ne se lamentaient pas en traînant le pied de manière aussi peu rapide. On parlera dès lors de mysticisme. Et quand le quatrième titre résonne, voilà que nos deux compères sortent les claviers vintage et les alarmes microscopiques affolantes : les guitares claquent contre leur gré et le psychédélisme reprend des allures de ballades pour enfants déprimés. Du grand art. Etrange disque que ce Pulses& Places, qui nous offre en trente minutes une des plus belles comptines électro-acoustique de l’année. Un disque court, ou un long EP, qui tient en poche comme pour mieux l’écouter en toutes circonstances. A écouter de toute urgence.