Providence
Chevalrex
Qu’est-ce qu’une chanson, si ce n’est la rencontre d’un texte, d’une musique et d’une voix ? Un arbitrage entre les envies, les références et les compétences. Une alchimie à approcher. Il nous semble qu’avec Providence, Chevalrex vient de trouver son équilibre parfait.
Comme nous vous l’évoquions il y a quelques semaines, le parcours de Rémy Poncet nous apparaît passionnant tant les choix qu’il pose semblent toujours dans la continuité de son travail, mais dans la poursuite de ses explorations. C'est encore le cas dans son quatrième album qui sort ce 22/01 chez Vietnam.
Car côté écriture, on retrouve dans le titre de l’album et des chansons une concision à faire jalouser Houellebecq ou pester Pancol. Cette précision, le Drômois la poursuit dans le développement des textes au sein desquels il délivre clairement les enjeux, mais aime insuffler du mystère. Ainsi par exemple dès la très antinomique plage d’ouverture "Au Crépuscule" : "Déjà très tôt elle était là, derrière l’orchestre on l’aperçoit, dans un jardin sans prophétie, des nuits entières évanouie, aujourd’hui j’affronte, pour mon propre compte, une nouvelle foi/fois, l’amour." Ce subtil dosage de simplicité et de figuratif permet d’être touché dès la première écoute et de prendre énormément de plaisir à reparcourir l’album (et nous l’avons fait maintes fois).
Côté musique, le disque alterne entre des plages (sic) lumineuses et des instants plus sombres, des énergies franchement anglo-saxonnes et des élégances plutôt françaises, des titres qui vous transpercent et d’autres qui s’installent. Et quelle que soit la couleur du morceau (et la palette est assez large), ce qui est très agréable dans l’album c’est que Chevalrex a simplifié ses mélodies (dont certaines vous diront forcement quelque chose tant elles s’inscrivent dans un patrimoine commun), mais a sculpté les orchestrations. Ce qui permet, comme pour les textes, de vibrer instantanément puis de savourer par la suite une envolée de violons ou un riff de basse avant un refrain.
Puis il y a enfin cette voix, sensible sans être fragile, qui séduit par sa minéralité et qui permet d’épouser le texte à la ligne claire, sans effet de style. Quel bonheur dès lors de l’associer avec l’espièglerie rauque de Thousand (qu’on apprécie beaucoup) sur une "Rose Est une Rose", un des morceaux les plus pop de l’album. À signaler aussi un "Dis à Ton Mec" un peu en marge qu’on imagine parfaitement chanté par un Jacques Dutronc en mode crooner.
Comme vous l’avez sans doute compris, nous nous sommes régalés à l’écoute de Providence qui nous a évoqués par ses sons, ses mots, ses voix, ce qu’on aime chez Alain Chamfort, Jean-Louis Murat ou Albin de la Simone… et nous sommes convaincus que Chevalrex s’inscrit dans cette grande lignée.