Prince Avalanche OST
Explosions in The Sky & David Wingo
Les gens qui me disent qu’ils “aiment bien la musique, oui, surtout des musiques de films”, moi, ça me fait le même effet que ceux qui me confient leur passion pour Coldplay ou U2 : ce sont des types qui n’écoutent pas de musique, qui se contentent d’en entendre occasionnellement et qui, une fois de temps en temps, s’il le faut vraiment, claquent 75 € pour aller voir les jeux de lumière de l’un des deux groupes précités dans une salle surplombée. Mais de la musique de films, mec, sérieusement ? Tu choisis tes bagnoles et les équipes de foot que tu supportes en fonction de leur couleur, aussi ? Bon attends, j’ai moi-même des BO sur ma playlist iTunes, évidemment : celles d’Orange Mécanique et de Drive, quelques-unes de films de Tarantino et d’autres que je ne confesserais pas parce qu’on n’est pas assez intimes et que ça ne vous regarde pas. Mais je n’irai jamais dire à quelqu’un que j’aime « les musiques de films ». Et puis là, j’apprends que la BO de Prince Avalanche de David Gordon Green a été réalisée par Explosions in The Sky et David Wingo, un type qui, outre sa participation au groupe Ola Podrida, s’est surtout illustré grâce aux titres qu’il a écrits pour des films comme Take Shelter et Mud. L’objet retient mon attention, mais je me retrouve un peu perdu parce que ce n’est clairement pas un album d’Explosions in The Sky comme ceux que je connais : tout cohérent et agréable qu’il soit, il déroge complètement aux classiques post-rock du groupe, qui s’est surtout fait connaître par ses compositions progressives et par les alternances entre douceur et violence qui émaillaient des albums aussi grandioses que Those Who Tell the Truth Shall Die, Those Who Tell the Truth Shall Live Forever et The Earth is Not a Cold Dead Place. Ici, on a parfois l’impression que les Texans ont troqué les guitares agressives de “Yasmin The Light” et “Greet Death” contre un mélodica, nouveau jouet dont ils usent en tout cas avec plaisir. Cela n’empêche pas que, entre quelques interludes au piano et autres titres de moins de deux minutes (encore une réalité déconcertante, en comparaison, par exemple, avec les 9’33 du superbe “First Breath After Coma”), on trouve dans cet album des pistes qui valent le détour : “Join Me On My Avalanche” est de celles-là, gagnant en puissance au fil des secondes pour aboutir, à défaut d’une véritable explosion, à une belle acmé polyphonique tout en tension. Au final, ça donne un tout qu’on n’aurait sans doute jamais écouté s’il n’avait été lié au nom d’Explosions In The Sky et qui rompt avec l’horizon d’attente qu’ont forgé les Texans, mais qui se révèle un bon petit disque, dont on se dit qu’il s’illustrera peut-être comme BO adoucissante des dimanches d’automne à venir. Et du film de Green, ouais, d’accord.