Pornographie Exclusive

Pornographie Exclusive

Antibody – 2025
par Guigui, le 18 février 2025
7

Retour en 2023. En octobre de cette année-là, nous vous dévoilions le premier single de ce nouveau projet bruxellois au nom si singulier. Alliant des influences empruntées au post-punk et à la coldwave, Pornographie Exclusive sortait de l’ombre et semblait vouloir attaquer un terrain déjà balisé, en Belgique comme à l’international, mais en y apportant sa touche de production industrielle léchée. Une démarche osée mais authentique qui finalement arrive à un moment où, avec la retraite récente de piliers comme Front 242, la matière sonore pour danser dans les soirées batcave appelle à être renouvelée. Mais ce premier album recèle plus que de simples beats produits pour garnir le dancefloor.

Formé par l’actrice Séverine Cayron et le réalisateur Jérôme Vandewattyne, Pornographie Exclusive apparait comme cette espèce d’exutoire créatif sombre dans lequel le duo travaille et triture les nappes sonores pour en ressortir une bande-son froide et apocalyptique qui en dit long sur l’époque dans laquelle elle est enfantée. Des titres comme « Under the Black Sky » ou « Invitation to a Suicide » n’invitent pas à sourire mais possèdent ce fond de réflexion bienvenu. Notre monde est sombre, parfois la lumière se voit au loin et ce disque nous le rappelle en se positionnant comme la B.O. de ce putain de film noir qu’est la vie.

Tantôt doux et mélancolique, tantôt électrique et abrasif, Pornographie Exclusive possède un réel équilibre et contient les ingrédients nécessaires à un premier album convaincant. Réunissant des compositions touchantes (le très beau « Electric Blue ») et d’autres plus entrainantes (« Icon », « Cracks »), ce premier effort gagne en relief pour évacuer le sentiment de lassitude parfois propre à certains styles électroniques. Dans une production à la fois très soignée mais toujours vivante grâce à ses imperfections, Pornographie Exclusive nous fait (re)vivre une expérience un peu oubliée et assez difficilement explicable qui est celle de la viscéralité de la musique. Un premier album riche et doté de la dose de mystère nécessaire pour ne pas s’apprivoiser trop facilement. De quoi donner aux machines un côté humain.