Polyamour
Clara Moto
Dernière découverte en date du Français Agoria, la belle Clara Moto nous vient d'Autriche et pose ici son premier album (sur InFiné tout logiquement) après avoir sorti une ribambelle de EP - dont le fameux « Glove Affair » présent sur l'album. Loin de faire dans le féminisme le plus rétrograde, il faudra vous attendre à un album de musique électronique typiquement féminin – de la pochette mielleuse à certaines prises de positions strictement musicales en passant par le romantisme un peu lourdeau du titre.
On commencera par dire que Polyamour se situe dans une veine tech/house un poil minimale, relevée d'une légère pointe d'electro : bref tout le cahier de charge apparent d'une musique trendy sans trop de prises de risques. Mais au-delà d'un genre parfois fourre-tout, c'est bien le mimétisme à toute épreuve de Clara moto qui va venir jouer les trouble-fêtes. En effet, l'impression de recopiage laissée par la première écoute – et confirmée par les suivantes – est absolument flagrante. On a du mal à envisager dans quelle mesure l'Autrichienne sait se détacher de ses influences tant Polyamour embrasse à tour de bras les formes et les univers de ses comparses. C'est notamment ici que vous trouverez les meilleures références au diktat électronique féminin : un « Silently » directement emprunté au Berlinette d'Ellen Allien, un « Alma » qu'on penserait sorti du laptop d'Anja Schneider ou encore les mélodies pseudo-tristes/pseudo-tendues à la Chloé.
Afin de ne pas tout appréhender selon le filtre homme/femme – ce qui n'aurait pas beaucoup de sens – on peut envisager Polyamour selon une grille deep-house/deep-techno qui révèle une fois de plus toutes les tentatives d'appropriation de la musique de Clara Moto : on reprend les nappes ambient bien charnelles d'un Pantha Du Prince, on fait gicler une superbe ligne de basse à la Lawrence (dont le « Deer and Fox » ressemble à s'y méprendre à tout ce qui a pu se faire dans Lowlights From The Past and The Future) et on tend le tout avec une attitude propre à Efdemin. Le résultat est bien souvent classieux, même si les références abusives font tout aussi souvent tache auprès des oreilles averties.
Alors évidemment on cherche les endroits où l'Autrichienne tente de se débarrasser d'une attitude scolaire qui lui colle (inconsciemment sûrement) à la peau. Et là triple constat : on tombe dans le très glorieux (le vintage « Glove Affair » avec ses claviers formidablement dissonants), le très pathos (« Joy Of My Heart ») et le très raffiné (la belle ballade ambient électronique proposée par « Goodnight Twilight »). Car quand Clara Moto ne tombe pas dans les sillons house ou techno creusés par ses potes avant elle, l'Autrichienne craque encore bien pour l'une ou l'autre mélopée légèrement electronica, ce qui nous amène à penser que quelque part, au plus profond d'elle-même, cette artiste possède assez de variété pour proposer un album personnel capable de surprendre, à défaut de « seulement » bien réciter sa leçon. Ce qui ne nous empêchera pas de rêver.