Plum
Wand
Wand a toujours été ce colosse aux pieds d’argile, dont le talon d’Achille est paradoxalement l’une des raisons de son succès: souffrir de la comparaison avec un Ty Segall producteur du premier album. Car si s’associer au formidable californien suffit généralement à susciter l’engouement, la plèbe n’oublie jamais de hiérarchiser élève et maître.
Ayant peut-être posé le même diagnostic après un processus d’auto-critique, le groupe se lance avec Plum dans un nouveau registre, qui lui permet de s’émanciper sans pour autant renier son pedigree. Car de ses précédents efforts Wand conserve sa manière parfois alambiquée de vertébrer ses compositions selon son esprit aventureux, tout en tutoyant une facette plus mainstream que de coutume. Un travail d’équilibriste donc, qui offre aux Californiens la possibilité de titiller les tympans d’une part plus importante de la population sans devoir forcément tapiner.
De fait, si Wand se préserve de diffusions sur Le Mouv’ ou Virgin Radio, c’est notamment par un jeu de guitare assez bandant, giclant des soli monstrueux à intervalles très réguliers. Mais pas seulement, puisque la 6 cordes est également capable de pondre des riffs assez surprenants, à l’instar d’un "White Cat" qui n’est pas sans rappeler le Manipulator de Ty Segall, ou d'un "Bee Karma" dont l’articulation résume à elle seule l’ensemble de l’album.
On aurait pu évoquer le petit clin d’œil au "High Hopes" de Pink Floyd sur "High Rise" ou la sensibilité exacerbée d’un "The Trap" majestueux et dont les arrangements évoquent Israel Nash, mais ce serait un peu con de vous spoiler le contenu de l’album. Spleen, rage, grâce ou testostérone, tout s’y mélange assez subtilement, et fait de ce Plum le plus bel effort à ce jour d’un groupe au socle désormais bien plus solide.