Playtime
Asa Moto
Si on lance une petite recherche sur le mot DEEWEE dans la base de données du site, on tombera sur un gros paquet de papiers qui vantent les mérites du label lancé par Soulwax. Mais on notera aussi qu'hormis un excellent Goûte Mes Mix signé Bolis Pupul, on a globalement évoqué les seuls projets des frères Dewaele pour passer sous silence les exploits du reste de l'effectif. Pourtant de l'épatante Charlotte Adigery aux énigmatiques Klanken*en passant par l'étoile filante de l'italo Emmanuele (tellement filante qu'il faut lâcher un rein sur Discogs pour ce bijou), ce ne sont pas les talents qui manquent. Raison pour laquelle on a aujourd'hui l'obligation morale de poser un petit paragraphe pour ce nouvel EP d'Asa Moto, duo gantois formé d'Oliver Geerts et Gilles Noë. Enfin, soyons honnêtes: plus qu'une obligation, c'est un plaisir de pouvoir vous dire tout le bien que l'on pense de leur electro-house, généreuse, efficace et classe. En même temps venant de types pour qui "Moskow Diskow", "Pump Up The Jam" et "Another Excuse" sont des classiques absolus de la musique belge, difficile d'imagine qu'on va se retrouver avec le genre de produit qui n'a que son nombril pour cœur de cible. Mais ce qui frappe avec Playtime, c'est que plus encore que sur toutes les précédentes références du label, cet EP démontre la saine emprise que Stephen et David Dewaele peuvent avoir sur tout ce qui se trame dans les studios de DEEWEE. De fait, on ne sait trop ici si les deux frères ont cannibalisé le processus créatif d'Asa Moto ou si ces derniers ont envisagé l'EP comme une forme d'hommage aux deux de Soulwax, mais partout sur ces six titres affleurent les marottes (le fond de commerce new beat), les tics de production (cette ligne de basse) et les gimmicks rythmiques qui en ont fait l'un des meilleurs produits d'exportation de la dance culture belge de ces 20 dernières années. Ce sentiment d'appropriation pourrait être embarrassant si les titres étaient de qualité moyenne ou si on avait assisté à ce phénomène sur la longueur d'un album, mais en nous servant un EP qui file au but avec l'intelligence tactique d'un Eden Hazard des grands soirs, on ne voit pas trop qui vous empêcherait de ne pas donner sa chance à Playtime.
* les vrais savent que là derrière se cachent les frères Dewaele #secretdepolichinelle