Persona

Gel

Blue Grape Music – 2024
par Jeff, le 4 septembre 2024
8

Militarie Gun au Primavera, High Vis à Rock Werchter, Jesus Piece à Pukkelpop, nous à l’Outbreak Fest… si vous doutiez encore de l’appétence du public et des programmateurs pour le punk hardcore, ne doutez plus. Bien sûr, ces formations sont encore loin de bourrer un Olympia comme l’a fait Turnstile tout récemment, mais ces petits évènements démontrent qu’il y a encore quelques places à prendre et des cœurs à conquérir chez les bouffeurs de guitares en manque de sensations fortes.

L’année dernière, on essayait d’y voir plus clair dans cette course au glow up contractuel, et déjà le nom de Gel faisait l’unanimité : sur un premier album brutal mais groovy, le groupe américain faisait montre d’une belle maîtrise de ses classiques, qu’il remettait au goût du jour avec une véhémence digne d’un black bloc devant une banque. Et surtout, il imposait la voix de la chanteuse Sami Kaiser comme une des plus puissantes du punk hardcore. Signe d’une ambition réelle, Gel a décidé de quitter la petite structure Convulse Records pour trouver refuge chez Blue Grape Music, dont la vache à lait se nomme Code Orange. Autrement dit, le groupe du New Jersey prend un pari assez risqué : faire confiance à un label qui a laissé un des groupes les plus prometteurs de la scène hardcore flinguer sa carrière avec des albums légèrement dispensables - pour ne pas dire cringe.

Mais dès les premières notes de ce nouvel EP, on comprend que rien n’a changé – ou alors si peu, et que l’idée consiste simplement à faire du fan service tout en allant chercher de nouveaux adeptes qu’il faudra convertir pour de bon avec un album qui suivra prochainement, on n’en doute pas. Ainsi, tout ce qui nous avait fait aimer Gel sur Only Constant se retrouve amplifié sur Persona : les riffs sont totalement mongolos, le batteur traite ses futs comme un ouvrier polonais traite son foie, et Sami Kaiser nous hurle dessus comme si on venait de déféquer sur son paillasson. La seule différence notable se situe dans la production, léchée et massive – c’est particulièrement audible sur cette bombe qu’est « Mirage ». Avec ses 13 minutes qui ne laissent aucun seconde de répit, le constat est sans appel : Gel est prêt, nous sommes prêts. Et vous ?

Le goût des autres :