People Problems

Oh No Oh My

Moelleux Records – 2011
par Pauline, le 13 mars 2011
7

En 2006, Oh No Oh My faisait une entrée fracassante dans le monde du pop rock. Les quatre Américains devenaient avec leur premier album éponyme les idoles de tous les cool kids du coin. L'album était à la fois un peu prémâché (rien de bien nouveau à faire en pop rock), et terriblement frais, léger et catchy. Et le paradoxe rendait les petits gars de Oh No Oh My plus qu'attrayants. Comptant des tonnes de tubes en puissance (dont "Walk in the Park", entendu et re-entendu) et agrémenté de ce petit esprit second degré typique du rock indé américain (voie largement déblayée par Weezer), il y avait vraiment quelque chose de très enthousiasmant dans la musique des jeunes Texans. Leur démarche était quant à elle tout aussi louable puisqu'elle consiste à faire de la musique pour se faire plaisir, et puis advienne que pourra. Ceci étant dit, il est plutôt rare de voir un groupe si jeune attendre cinq ans avant de produire un nouvel opus. Fatigués de la route et de leurs tournées incessantes, il a fallu quelque temps à Oh No Oh My pour arriver à réfléchir et à produire cet album au titre plutôt explicite : People Problems. Ce qui leur tient à cœur, c'est de produire une

musique de proximité, surtout quelque chose de simple et de sincère. Il ne s'agit pas ici d'indie-démagogie, mais plutôt d'une véritable envie d'atteindre leur public. La première écoute de ce People Problems glisse sur nos oreilles fatiguées et l'opus peut sembler un peu gris et vain, sans beaucoup de relief ni de précision. Mais à la deuxième écoute, sa structure se détache, ses recoins et ses profondeurs se révèlent véritablement et il en devient beaucoup plus intéressant. Il y a un fort potentiel chez ces jeunes musiciens, et l'on sent qu'il s'est développé depuis leur premier album. Les arrangements sont plus recherchés, les mélodies sont moins évidentes mais plus profondes. Si Oh No ! Oh My ! était un album de la première écoute, qui claquait comme un fouet et apparaissait comme une évidence ("ces mecs là savent écrire des chansons"), le nouvel opus demande plus d'investissement personnel de la part de l'auditeur. Se joue alors le contrat auditeur / musiciens. People Problems a le mérite d'éviter le schéma actuel de musique jetable, de plus en plus en vigueur dans le milieu dans lequel les américains évoluent. Il faut offrir plusieurs écoutes à cet album, pour qu'il prenne toute son ampleur, qu'on y découvre la grande beauté de son ouverture ("Walking Into Me"), qu'on y perçoive l'ampleur de ses morceaux, qui se déroulent comme une série d'histoires banales mais qui représentent chacune une bribe de vie et forment un tout audacieux. Et ceux qui ne leur donneront pas cette deuxième chance auront perdu quelque chose. Oh No Oh My n'est pas le groupe d'un album, mais bien un beau projet plus que plaisant à suivre. People Problems ne contient peut-être pas d'évidences comme le précédent opus, mais il est ponctué de plusieurs perles dont le très beau "Should Not Have Come To This", pierre angulaire de l'album. Selon le texte écrit par Jason Greene à l'arrière du disque, tous les thèmes et inspirations de l'album découlent de ces cinq minutes trente deux de tristesse. 

People Problems se déroule comme une histoire dont on ne comprend la morale qu'après réflexion. C'est un bel album qu'il faut laisser infuser et pour cela c'est un projet plus que respectable. Oh No Oh My reste un groupe qu'il est bon de garder près de soi.