People Are Like Seasons

Sophia

City Slang – 2004
par Claire, le 20 avril 2004
8

Sophia, encore un groupe que je ne connaissais pas du tout avant de tomber sur cet album en écoute chez un disquaire. Pourtant, ce People are like seasons est déjà leur quatrième album, leur premier opus, « Fixed water » étant sorti en 1996. Ce groupe, né dans la continuité de The god machine, suite à la disparition d’un des membres fondateurs, nous présente maintenant un disque aux couleurs automnales, dont la pochette ne laisse pas présager une grande allégresse.

L’album s’ouvre avec le single « oh my love » dont les guitares, ici électriques, ont le don de vous envahir de l’intérieur, de vous faire gonfler le cœur. En arrière plan, le piano nous distille ses notes avec la régularité d’un métronome qui contrôle les battements de notre cœur qui sans ça déborderait d’émotions. Le ton de l’album, encore incertain à la fin de ce morceau d’ouverture, est en revanche donné dès le deuxième titre « swept back », duquel s’échappe une mélancolie sans nom. La ligne mélodique se fait plus douce, la voix un peu cassée de Robin Proper-Sheppard devient par moments presque murmurée, quelques cordes viennent discrètement souligner l’ensemble. Les morceaux se suivent et rivalisent de tristesse. Le piano prend aux tripes au moment des refrains de « fool », ou donne une puissance incroyable à « desert song n°2 ». Le groupe nous offre cependant quelques parenthèses, pour respirer, comme sur le très électr(on)ique « darkness… », où le chant se distord pour nous délivrer un texte peut-être encore plus désespéré que les précédents (You said you’re attracted to the darkness / Well baby that’s ok by me / I’ll just be another shade in your black). « If a change is gonna come… » ne présente pas une vision plus optimiste de la vie, malgré ses guitares saturées (And life’s a bitch and then you die / Don’t waste your time and wonder why / It’s just a bitch yeah and then you die). C’est presque avec soulagement que l’on retrouve les douces melodies de « swore to myself ». Quand arrive « holidays are nice », presque à la fin de l’album, après toute cette tristesse et cette rage, on ne peut s’empêcher d’avoir un sourire amer face à l’ironie de ce message, auquel il devient difficile de croire. L’album retrouve enfin la mélancolie évoquée sur les premiers titres, pour un « I left you » aux arrangements de cordes somptueux, et un « another trauma » sur lequel la guitare acoustique enfile des chaussons de velours pour accompagner un fil de voix qui semble en permanence sur le point de se briser, mais qui nous déposera tout en douceur à la fin de l’album.

Le silence qui suit ce dernier morceau en devient lourd, et semble créer un vide insurmontable après toutes les émotions qui nous ont envahi au fil de cette écoute. Deux possibilités se présentent alors à nous. La première est de prendre pour soi ce silence, de le digérer et de le transformer en une nouvelle force intérieure, en une rage libératrice. La deuxième est de se repasser l’album, encore et encore.

Le goût des autres :
7 Fabien 7 Jeff 7 Nicolas