Parcels
Parcels
Depuis que je chie allègrement sur un Tame Impala devenu plus lisse qu’une couille d’acteur porno, ma vie sociale s’est considérablement détériorée. Vu la propulsion du groupe jusque dans les playlists Spotify de tous les blaireaux en baskets Balenciaga, désavouer l’évolution suivie par Kevin Parker et ses copains s’apparente à s’immoler sur la place publique, ou à ressortir le brassard rouge de Papy jusqu’alors bien planqué dans la cave. J’ai eu beau retrousser mon pantalon aussi haut que ma dignité le permettait, rien ne m’a plus jamais permis de sortir de ce personnage d’enculé notoire et infréquentable. Jusqu’au jour, donc, où la Providence s’est enfin bougé le cul et a placé les Australiens de Parcels sur ma route.
Car Parcels allait devenir le ticket d’or, le tremplin social de quiconque voudrait comme moi s’obstiner à dégager un savant mélange de style, d’érudition et de fun. En bref, une vraie caution pour tous ceux souhaitant renvoyer l’image d’une personne cool à l’instinct de cochon truffier. Depuis ses premières prestations filmées au Funkhaus de Berlin jusqu’à la parution de ce premier album, le groupe n’a cessé de cultiver une image stylée, suscitant un engouement aussi véritable qu’exponentiel. Colosses aux pieds d’argile et à la discographie vierge de long format, les Australiens surfent à l’heure de leur première livraison sur la même déferlante que Tame Impala, rendant toute critique à leur égard aussi sûre qu’une escapade à contresens sur le périphérique.
Heureusement pour notre compteur à likes sur Instagram, Parcels prouve enfin qu’il jouit d’un talent trop évident pour en ternir l’éclat par de la tartufferie. Car s’il n’est évidemment pas exempt de quelques écueils sacrément perturbants, ce premier album traduit une capacité remarquable à amalgamer influences disco et esprit pop, pour un résultat capable d’émoustiller jusqu’au plus poireau de tes copains. Dès les premières notes d’un "Comedown" absolument irrésistible, les Australiens parviennent à exposer les composantes de leur alchimie : une section rythmique en forme de tapis de velours sur lequel glissent claviers et cordes dont la prédominance sans cesse alternée diversifie un bousier déjà sacrément jouissif. Parcels compte également en son sein la bagatelle de 5 chanteurs, et gère cette petite chorale façon Wilson, mêlant choeurs et harmonies, modifiant les postes selon la nécessité et les ambiances souhaitées. C’est ainsi que le groupe parvient à signer quelques petites sucreries sacrément addictives, à l’instar du solaire "Tieduprightnow", mais aussi d’autres titres plus touchants et cotonneux comme "Yourfault" ou "Bemyself".
Tout cela est fort joli, sauf que Parcels sait également faire preuve d’un mauvais goût assez rebutant. C’est ainsi qu’intervient en pleine démonstration de force "Everyroad", dont premières notes évoquent un peu trop le "Something About Us" d’un duo casqué à l’influence déjà plus qu’identifiable à l’écoute du présent album, et dont le final aux contours dubstep (oui oui) a été à l'origine de petits problèmes gastriques chez nous. Et que dire du final "Credits" featuring Dean Dawson, dont l’écoute continue de nous mettre terriblement mal à l’aise. Malgré tout, Parcels a largement réussi son pari en se montrant digne des attentes dont il a longtemps demeuré l’objet, et s’offre enfin un socle solide sur lequel reposer désormais. Car à l’âge auquel la vie consistait pour bon nombre d’entre nous à jouer en slip à la PS4, les Australiens se sont montrés capables de produire un album à leur image : jovial, classieux, raffiné, et terriblement dans l’air du temps. Bref, stylé. Si en plus je peux me racheter et serrer des meufs en disant ça, tout le monde est content.