Parabolas
John Tejada
Voilà une icône du son électronique dont on a peu parlé jusqu’ici. Et pourtant il est un fait avéré que la carrière de John Tejada est un exemple de régularité. Voilà déjà son neuvième disque, cette fois sur la gigantesque Kompakt, et nous avons toujours autant de mal à cerner l’Autrichien basé depuis des plombes en Californie. Vous trouverez John Tejada aux rayons techno, house, tech/house de votre disquaire préféré, et pourtant toute sa musique continue de transpirer l’electronica et les digressions plus ou moins électroniques. C’est un homme complexe, qui se refuse à jouer les puristes dans une seule catégorie, ce qui lui vaut – revers de la médaille oblige – d’être parfois taxé d’une certaine naïveté, à vouloir trop jouer la carte de l’artiste électronique universel.
Parabolas c’est tout ceci condensé en douze morceaux, en mieux peut-être. Tout le paradoxe de ce mec pourrait être résumé dans les premiers titres. Ca commence avec de la deep-house d’un classicisme éculé (« Farther and Fainter ») : c’est beau, c’est classe et ça déroule le kick sans poser de questions. On se dit qu’on tient peut-être les clés d’un disque pour une fois cohérent. Enfin ça s’était avant de se manger « Mechanized World » dans les babines : énorme intro post-acid suivie d’un étalage mélodique sur une house un poil minimal. Ca dure un peu plus de six minutes et c’est clairement une bonne claque dans la gueule. On comprend déjà qu’on est parti dans des allers-retours entre les genres quand « Subdivided » déboule avec son copié/collé d’electro-funk à l’ancienne « façon Drexciya ». Ca pue Detroit dans toutes les nappes et c’est une fois de plus de très bonne facture – à défaut d’être totalement surprenant. On ne passera pas toute la plaque en revue mais globalement la musique de John Tejada c’est ça : un gros pot-pourri tout sauf pourri où l’électronicien ne panique pas une seule seconde avant de choisir son camp.
C’est donc un disque particulier auquel on a affaire, d’une espèce devenue rare, où il ne faut parler de rien d’autre que de musique électronique, et que celle-ci fasse des références constantes à la techno, la house et l'electronica. On pourrait penser à Apparat pour cette conduite experte de divers genres, mais on laissera la primeur de cette science à l’Austro-américain, qui ne cesse de faire de sa polyvalence une véritable marque de fabrique. Un disque sans véritable chapelle, susceptible de plaire au plus grand nombre pour sa haute tenue mélodique, la classe de ses arrangements et la finesse du tout. Un disque qui avait tout de plaque incohérente, et qui fonctionne admirablement bien hors des mains de son auteur. What else ?