Panic Movement
The Hiss
Au début, on pourrait presque croire à une caricature, voire à un plagiat en bonne et due forme : encore un groupe en "The", une formation qui semble autant aimer le bon vieux rock que le rouge et le blanc (les couleurs, pas le pinard, quoi qu’on n’en sait rien en fait), des têtes chevelues… Suivez mon regard… D’ailleurs, le rapport avec le groupe de Jack et Meg White est pleinement assumé, puisque The Hiss a joué en première partie de The White Stripes lors d’un concert à Atlanta, leur ville d’origine, en juin 2003. Une sorte de caution morale, en somme.
Comme Les Bandes Blanches, The Hiss est un groupe américain. Leur musique sonne d’ailleurs globalement très gros rock US, avec tout de même un sens mélodique évident qui leur a permis, contre toute attente, de s’attirer les faveurs du NME en Angleterre. Grosses guitares, style "mur du son", comme de très nombreux groupes en vogue dans les universités de ce côté de l’Atlantique, à l'instar de Cauterize, par exemple… Pas de quoi s’emballer outre mesure a priori, me direz-vous.
Cependant, Panic Movement, leur premier album, dégage quelque chose d’assez extraordinaire au fil des écoutes. Les tout premiers morceaux (si l'on excepte le troisième, peut-être le plus faible du disque) réalisent LE sans faute qui donne envie de se plonger plus en avant dans le disque. "Clever Kicks", qui ouvre l’album, synthétise en deux minutes et 23 secondes les 43 minutes de l'Hiss-toire à suivre : un rock urgent, de bons gros riffs à la limite du hard rock mais une mélodie presque évidente qui incite l’auditeur à pousser le son de la chaîne hifi et ouvrir les fenêtres.
"Triumph", qui suit immédiatement et qui a été élevée au rang de "single of the week" pour le NME, fait largement penser aux meilleurs titres du Black Rebel Motorcycle Club, quand d'autres morceaux nous rappellent aux moments les plus enthousiasmants des albums de The Music et de Serafin. Des références plutôt flatteuses. "Back on the radio", pour prendre un autre exemple, avec son refrain entêtant, convainc largement à son tour l'auditeur bientôt Hiss-térique devant tant de maîtrise. Ainsi, grâce à leur savant mélange de mélodies joliment troussées et de grosses guitares saupoudrées à plusieurs reprises d’une intéressante ambiance fin du monde sur l’excellent "Ghost’s Gold", aux chœurs tout simplement remarquables, ce premier album de The Hiss se hisse (hu hu) sans grande difficulté au même niveau ou presque que les meilleures sorties de 2003.
Dommage d'ailleurs que ce disque, sorti l'an dernier en Grande-Bretagne et toujours pas distribué officiellement en France, ne soit parvenu à mes oreilles qu'en ce début d'année, car sinon il aurait à coup sûr fini dans mon Top 12 de l'an passé... Bref, pas la peine d'en rajouter, vous connaissez le refrain : pour un coup d’essai, c'est un coup de maître. Cet album place The Hiss dans la catégorie des groupes dont on n'attendait rien mais que l'on se surprendra à suivre de très près. Mon gros coup de coeur de l'hiver 2004, rien de moins. Hiss-torique.