Palms
Palms
A chaque nouvelle sortie des Deftones ou de l'un de ses membres, on ne peut s'empêcher de repenser, non sans une certaine émotion (on est de grands sentimentaux, faut pas croire) au chemin parcouru par un groupe qu'on a découvert à une époque où il frayait encore avec la crème de la crème de la scène nu-métal de l'époque. Et tandis que les Snot, Limp Bizkit et autres Korn ont depuis belle lurette fini aux oubliettes, la fine équipe de Sacramento a connu une évolution qui en a lentement mais sûrement fait l'une des valeurs les plus sûres et rentables du métal moderne, notamment grâce à l'amour qu'a porté Chino Moreno à une certaine forme de psychédélisme et d'ésotérisme. Quant aux gars d'ISIS, si le split est officiel depuis 2010, il ne fait aucun doute qu'ils auront laissé une empreinte indélébile sur la musique moderne en définissant et perfectionnant les codes du post-métal – un genre dont ils resteront à tous les jamais les darons. Forcément, quand trois anciens du groupe de L.A. s'associent à la gueuleuse de Sacramento pour former une sorte de supergroupe made in California sur le label de Mike Patton, on se permet de mouiller un tant soit peu notre petite culotte. Parce qu’en plus d’être de grands sentimentaux, on est de vraies midinettes.
Forcément, avant même d’appuyer sur la touche Play, on a déjà une idée bien claire de ce que nous a concocté l’entité Palms : de longues plages ascensionnelles sur lesquelles Chino Moreno vient jouer les pleureuses de service. On aimerait vous en mettre plein les mirettes en vous esquissant un projet complètement WTF qui voit nos quatre lascars jouer la carte du contre-pied malicieux, mais il n’en sera rien : prenez les morceaux les plus apaisés des Deftones, débarrassez-vous des refrains, allongez la sauce jusqu’à perdre l’auditeur dans des circonvolutions post-métalleuses et vous obtenez le premier album de Palms, soit six titres soigneusement exécutés qui oscillent entre six et dix minutes. Six titres qui témoignent surtout d’une alchimie prodigieuse, et qui nous ferait presque penser que cette joyeuse bande de métalleux fréquente les studios depuis une bonne demi-douzaine d’albums. Et c’est peut-être dans cette routine de façade que l’on trouve le seul point faible de ce projet: un seul album au compteur, et Palms donne déjà l’impression d’être ce groupe que l’on connaît par cœur, et qui ne nous surprendra plus jamais – il faut dire que vu les CV respectifs des intervenants et le label qui les accueille, on attendait quelque chose d’un peu plus transversal, voire carrément déviant.
Mais voilà, en plus d’être de grands sentimentaux et de vraies midinettes, on peut parfois être une belle bande de conservateurs à GMD. Dans cette optique, ce premier album de Palms peut être considéré comme une belle petite réussite, à défaut d’être une grande surprise. C’est déjà ça.