Painting With
Animal Collective
C’est vraiment triste de grandir. Alors que tu avais passé toute ta jeunesse à ne pas te soucier de grand chose, puis remis à demain ce qui était à faire pour hier lors de ton adolescence, voilà d’un seul coup que s’abattent sur toi responsabilités, horaires, deadlines et hiérarchie.
Heureusement pour le petit morceau d'âme d’enfant qui sommeillait encore en toi, il restait Animal Collective : le collectif américain te permettait d’échapper à la routine, te rappelait l’insouciance de ces longues après-midi d’été à t’écorcher les genoux, te donnait envie de te présenter à des entretiens d’embauche en uniforme scout, ou de transformer ta vie en film de Wes Anderson. Animal Collective c’était ta jeunesse idéalisée, mais avec plus de LSD.
Malheureusement, l’écoute de Painting With risque bien de te sortir de cette rêverie, tant le groupe semble avoir complètement perdu de vue cette insouciance pour proposer quelque chose de terriblement formaté et caricatural. Et ce tout simplement parce que AnCo a décidé de faire de la pop alors qu’ils en sont malheureusement incapables, comme peut en témoigner le dernier Panda Bear. On assiste donc à une succession de gimmicks, qui s’ils peuvent tenir sur un morceau, deviennent horriblement agaçants au bout de 40 minutes de pop faussement expérimentale. Car si l’idée des deux voix s’entrelaçant était agréable sur "Floridada", le fait de devoir les supporter sur douze morceaux l’est nettement moins, surtout vu la qualité des refrains.
Pire encore, on s’interroge alors ce qui est arrivé à la capacité du groupe à provoquer l’émotion et à susciter la nostalgie : tout apparaît ici faussement naïf, cynique même parfois tant l’exubérance a l’air forcée, à l’image d’un "Vertical" absolument atroce. On en vient même, à la fin de l’écoute, à se demander si on ne s’est pas laissé abuser pendant toutes ces années : et si Animal Collective n’était qu’un groupe faussement original cachant une absence de talent derrière beaucoup d’artifices ? En l’attente d’une réponse définitive, on ne peut, pour l’instant, qu’être écœuré par ce Painting With et avoir l’impression que la génération Pitchfork s’est un peu fait avoir par les Américains. Oui vraiment, c’est triste de grandir.