Outside

Tapes 'N Tapes

Ibid – 2011
par Jeff, le 20 janvier 2011
7

S'il n'est pas un défricheur à proprement parler, le label XL Recordings a souvent le nez fin, ayant pour habitude de signer des artistes au bon moment, c'est-à-dire juste avant qu'ils n'explosent. Le tableau de chasse de la maison londonienne est d'ailleurs là pour le prouver: le Boy In Da Corner de Dizzee Rascal, le 19 d'Adele, le Primary Colours de The Horrors ou le premier Vampire Weekend. A chaque fois, les têtes chercheuses du label ont dégotté la perle rare à un moment où l'underground commençait à devenir un peu trop étroit. Et rarement ces gens se sont trompés. Par contre, avec les Américains de Tapes 'N Tapes, ils ont légèrement bu le bouillon. Eclatants sur The Loon, premier album qui a fait mouiller la blogosphère tout entière, le groupe a clairement manqué de gnaque et surtout de chansons dignes de ce nom sur Walk It Off. Avec ce genre de faux pas, la sentence est irrévocable pour ces groupes qui ne font pas partie de l'intelligentsia mondiale de la hype: c'est retour à la case départ. C'est donc dans la plus grande discrétion et sur son propre label que revient la formation de Minnéapolis.

Mais là où pas mal de groupes auraient été enclins à jeter le gant, les gars de Tapes 'N Tapes nous reviennent plus fringant que jamais, et aussi affutés qu'en 2006. On retrouve sur Outside ce qui nous a fait aimer le groupe quatre ans plus tôt: tout d'abord le fait que ces mecs parviennent à des sommets d'efficacité malgré un son d'une banalité confondante. En effet, jamais dans la surenchère et privilégiant un squelette tout ce qu'il y a de plus traditionnel, le groupe mise tout sur l'intensité. Et ça paie. Cash. Avec un minimum de moyens et un maximum d'envie, Tapes 'N Tapes cale les amplis sur 11 et envoie la purée avec le genre d'énergie qui rendrait jaloux pas mal de vingtenaires déjà à bout de souffle et cramés par la hype. Certes, si le disque manque de tubes en puissance (comme pouvaient l'être « Cowbell » ou « Insistor »), l'amateur de rock alternatif mordant y trouvera son compte sans peine, se laissant porter par les brûlots de la formation américaine. Véritable éloge d'une banalité étrangement séduisante, Outside est un pur plaisir et un retour en fanfare pour le moins inattendu - et donc d'autant plus jouissif.