Ours Molaire
Piano Chat
Vu l’amour que porte une partie de la rédaction pour les chats qui font LOL, il était impensable que l’on ne jette pas au moins une oreille sur ce disque de Piano Chat, one-man-band qui tire son nom de cette vieille invention dont le fonctionnement est d’une simplicité génialissimement diabolique. Pour ceux qui ne connaissent pas cet ancêtre du keyboard cat, c’est assez simple : vous adoptez une portée de chatons, vous foutez toutes ces gentilles bestioles dans un coffre compartimenté et vous laissez le piano chat faire le reste, c’est-à-dire enfoncer des aiguilles dans l’arrière-train des bébêtes qui vont du coup miauler comme si mort allait s’en suivre – ce qui n’est pas une possibilité à exclure. Mais heureusement, aucun animal n’a été maltraité dans l’élaboration de Ours Molaire – un titre pareil est une autre raison de penser que ce projet vaut le détour. Par contre, on ne pourra pas en dire autant des instruments que possède Marceau Boré, ce Tourangeau qui aime encore bien faire plus de bruit qu’il n’en faut.
Aussi, on ne s’étonne nullement de voir Piano Chat trouver refuge chez Kythibong (31 Knots, Pneu, Fordamage). En effet, la structure nantaise est spécialisée dans tout ce qui touche de près ou de loin aux musiques noisy, à la pop expérimentale, au math rock et au (post) punk. Et cela tombe bien, puisque c’est un peu tout cela que l’on retrouve sur les sept titres de Ours Molaire. En outre, le voyage commence de la meilleure des manières avec le titre éponyme qui donne une petite idée de ce à quoi pourrait ressembler Battles s’ils étaient parfois un peu moins arty et prétentieux. Bref, ça démarre pied au plancher et on ne s’arrête certainement pas en si bon chemin : Piano Chat s’amuse avec l’héritage de Fugazi en balançant des riffs secs comme des coups de trique, mais chipote aussi avec des machines sans jamais outrepasser ses compétences, se meut en chef d’orchestre de poche ou se la joue crooner désabusé. Dit comme cela, on pourrait pensez que Piano Chat ratisse un peu trop large et perd le fil de ses pérégrinations. Mais n’ayez crainte, Marceau Boré ratisse avec une constante : tel le félin, il retombe toujours sur ses pattes.