On A Mission

Ceux qui doutaient encore du taux de pénétration du dubstep sur les masses avilies vont vite tomber à court d’arguments à l’écoute de ce premier album de Katy B. En effet, comme tout genre désireux de voir ce qu’il se passe du côté mainstream de la barrière, le dubstep a lui aussi dû se trouver des têtes de gondole susceptibles de plaire à un large public qui n’est certainement pas préparé à se prendre du Digital Mystikz ou du Kode9 en pleine tronche. Mais là où le phénomène Katy B est particulièrement intéressant, c’est qu’on retrouve tapis dans l’ombre quelques uns des producteurs historiques du genre, comme Skream, Benga, Zinc ou le boss de Rinse FM Geeneus.

Ceci étant dit, si le terme dubstep a déjà été utilisé trois fois dans un seul paragraphe et que son apparition est due à la présence des piliers mentionnés quelques lignes plus haut, on comprend vite à l’écoute de On A Mission qu’à quelques productions près, il serait malvenu de parler de dubstep pour décrire la galette. En effet, si la jeune Kathleen Brien, 22 ans et toutes ses dents, fricote avec un certain gratin de la bass music d’outre-Manche, il n’en reste pas moins que son disque s’impose comme une version formatée, édulcorée et polie d’un mouvement qui a agité les clubs pouilleux de Sa Majesté à l’entame de ce siècle et traverse aujourd’hui une d’adolescence qui s’accompagne de quelques vilaines crises d’acné juvénile (Borgore, Skrillex et consorts).

Mais revenons-en à nos moutons : sur On A Mission on se rapproche plutôt de sonorités UK Funky, qui empruntent donc davantage à l’electro house qu’au dub.  Et ajoute à tout cela une petite pincée d'eurodance, sans jamais en abuser. Aussi, exception faite du tube « On A Mission », on trouve principalement sur ce premier effort des titres qui ressemblent fort à ceux qui ont fait découvrir la donzelle, comme l’excellent « As I ». C’est généralement très léger, ça joue quasi exclusivement sur le côté mélodique de la chose et ça pose sur la production léchée un chant  qui imprime un certain groove, voire un groove certain. Car clairement, on peut trouver des qualités à Katy B, qui pour le même prix aurait pu faire une carrière dans l’ombre de producteurs pour qui les voix féminines ne sont qu’un accessoire interchangeable.  

A l’aise sur tous les terrains bien que jouant très souvent la carte du plus petit dénominateur commun pour plaire, la Londonienne n'en reste pas moins très talentueuse et bien aidée par des producteurs qu'on ne présente plus et que l'on sent désireux de se tester à une échelle plus commerciale que ce que leur permettent leurs habituelles livraisons. Evidemment, ce genre de démarche relève de l'hérésie pure et dure pour les vrais amateurs de dubstep, qui conchient littéralement Katy B. Mais si l'on part du principe que, dans l'esprit, cette jeune demoiselle tombe plus qu'autre chose dans une catégorie où l'on retrouve des filles comme Lily Allen, Robyn ou Kate Nash, on pourra apprécier à leur juste valeur pas mal de titres présents sur On A Mission.