Of The Colour Of The Blue Sky
Ok Go
Au premier regard, Ok Go apparaît comme un groupe résolument sympathique. Avec leurs binettes de collégiens attardés et leurs pantalons trop courts, il nous prendrait facilement l'envie de les emporter sous l'aisselle comme cadeau de fête des mères. Sans inventer le fil à couper le beurre, leurs deux premières livraisons Ok Go et Oh No, permettaient de passer un agréable moment en compagnie d'une power pop chaleureuse et efficace.
Jusqu'à ce que l'ouragan de leur you-tubesque "Here It Goes Again" les emporte, le groupe originaire de Chicago voguait tranquillement vers les rivages des premiers Weezer en esquivant les vilains récifs façon All American Rejects (qui font malheureusement glapir tant de cheerleaders à leur bal de prom).
À force d’être réduit à sa farandole sur tapis roulants, Ok Go s’est judicieusement accordé une pause afin de cogiter à la suite des événements. Sans pour autant se départir de leur bonhomie naturelle, leur nouvelle proposition tente quelques pirouettes inattendues.
Of The Blue Colour Of The Sky s’ouvre sur un "WTF ?" à la silhouette délicieusement funky. Damian Kulash semble avoir pris le parti de grimper dans les aigus, poursuivant Prince sur ses talonnettes. Leur "White Knuckles" incarne sans conteste le morceau le plus "1999" de la fournée… Avec un peu d’imagination, on pourrait même avancer que les frangins de Soulwax, eux-mêmes grands admirateurs du Nain Pourpre, ne désapprouveraient pas ce traitement à la rythmique raffermie et aux guitares saturées.
Ok Go aurait donc décidé de délaisser les effets potaches pour révéler ce dont ils étaient capables une fois en possession d’outils d’"adultes responsables". On joue avec les boutons, on triture ses cordes, on mesure l’étendue de ses cordes vocales (sur le splendide "Skyscrapers", entre autres). A la production, Dave Fridmann, ex-Mercury Rev, a manifestement donné un solide coup de pioche dans l’introspection de leurs diverses influences. Heureusement, sans altérer leur aptitude existante à créer d’astucieuses mélodies pop.
Alors, devenus sérieux, les Ok Go ? Pas tant que ça. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’oeil à la vidéo de leur gaillard "This Too Shall Pass", petite perle fantaisiste où le morceau est soutenu à pleins poumons par une fanfare… d'étudiants.