Oblivion With Bells
Underworld
Cinq années après la sortie de A Hundred Days Off nous étions en droit de nous demander ce qu’il advenait des Britanniques d’Underworld. 2007 sonne dès lors comme le grand retour du duo (depuis le départ de Darren Emerson en 2000), ce qui nous amène à nous interroger sur la pertinence d’un tel come-back. Car en effet, si la critique aime se décharger sur les nouveaux venus, il faut croire qu’une fois passé le cap de la maturité avancée (comptez en moyenne une dizaine d’années d’activisme) les formations ayant largement fait leurs preuves se doivent de maintenir plus que jamais le niveau d’antan sous peine de se voir descendre en flèche sans plus de formalités. Et là c’est l’accident.
Douloureuse responsabilité faut-il en penser à l’approche d’une telle chronique. Mais qu’importe car si mes préjugés m’avaient légitimement amené à craindre ce nouvel opus, j’en fus largement quitte après une poignée d’écoutes seulement. Car il faut se rendre à l’évidence, si Underworld ne renouvelle pas son catalogue pour la cause, il faut bien admettre que le travail en présence n’a rien de bâclé. Tout commence avec un premier single honnête, « Crocodile », emmenant une basse ronflante graviter autour de voix monocordes et enlevées. Mais ce premier titre une fois achevé laisse place dans la foulée à un « Beautiful Burnout » qui se distinguera sans le savoir du contenu général grâce à sa traversée wave, aidée par des synthés trancey, ses interludes chantées et son final néo-tribal. Du grand art assurément.
Après un premier diptyque plus que satisfaisant, on entrevoit la finalité de ce Oblivion With Bells. Une virée grandeur nature dans des univers sombres, cinématographiques par leurs pouvoirs d’évocation. Des chemins obscurs éclairés, voire carrément balisés par des voix troublées et troublantes, des envolées de claviers grandiloquentes ou des ambiances indus qui emmènent ce disque sur les traces d’un romantisme futuriste. Entre les délicates pistes d’ambiant et les tracks techno de haut vol, Underworld fait la juste part et assure avec un maximum de cohérence un disque sensible, assez intime pour ne pas paraître mièvre à nos oreilles.
Comme pourra le prouver la fin de l’album (qui se voit clôturé par un « Best Mamgu Ever » énorme), on est loin des performers que l’on a connu auparavant. Loin de constituer en soi une critique négative, nous constaterons que le travail de musiciens accomplis prend maintenant largement le pas sur les envies autrefois dancefloor du duo. Onze titres plus tard, Underworld n’a rien perdu de son talent et perdure dans une voie entièrement satisfaisante, plus approfondie certes, mais pas moins pertinente pour la cause.