O Soundtrack My Heart

Pivot

Warp – 2008
par Jeff, le 27 août 2008
8

Lorsque, dans sa biographie officielle, un groupe se réclame de Vangelis et Jean-Michel Jarre, cela a de quoi refroidir une bonne partie du public potentiel. Cependant, quand le groupe en question est la dernière trouvaille en date des irréprochables têtes chercheuses du label Warp, on se dit que cela doit forcément cacher quelque chose de bon, tant la maison londonienne ne nous a que très rarement déçus au cours de ces dernières années. Et puis, chose rassurante, quelques lignes plus loin, on voit apparaître les noms d’Autechre et des Talkings Heads. Ouf.

La formation en question se prénomme donc Pivot et nous vient tout droit d’Australie où elle est active depuis 2005. Remarqués par Warp après la publication d’un album ayant fait parler de lui dans leur Australie natale, les frères Laurenz et Richard Pike et le batteur Dave Miller (déjà aperçu aux côtés de Prefuse 73 et basé à Londres) passent donc à la vitesse supérieure avec ce O Soundtrack My Heart savamment buzzé.

Déjà repéré suite à des concerts incendiaires (et celui donné il y a quelques jours au Pukkelpop l’était) alliant avec force instruments traditionnels et synthés/laptop, le véritable challenge pour le groupe était de parvenir à retranscrire cette énergie brute de la scène sur disque. Et même si on sait qu'à ce petit jeu, ils sont rares à avoir réussi leur coup (Holy Fuck doivent être les derniers à avoir réussi un tel exploit), on peut dire que globalement, le groupe australien s’en tire avec les honneurs. Mélangeant guitares post punk et nappes de synthés évoquant les paysages futuristes façonnés par <john></john>, le tout porté par une section rythmique qui n’a rien à envier à celle de Battles, les gars de Pivot affichent une belle maîtrise de leur sujet et font montre d’une envie réelle de créer un univers en perpétuelle évolution. Mais O Soundtrack My Heart, c’est également un album plein de sensibilité, capable de déclencher bien des émotions fortes chez l’auditeur, ce qui explique peut-être pourquoi le groupe a été récemment choisi par Sigur Rós pour ouvrir sur plusieurs dates des superstars islandaises.

Si pour beaucoup, l’Australie électronique est synonyme de néant artistique ou ne se limite qu’au seul label Modular, cette première sortie internationale de Pivot devrait permettre au ‘land down under’ de s’affirmer encore un peu plus à l’échelle internationale et, on l’espère, de susciter quelques vocations.

Le goût des autres :
6 Julien 6 Simon