Now We Can See
The Thermals
Après trois albums pour le respecté et respectable label Sub Pop, voilà que reviennent enfin les Thermals, cette fois sur une autre structure, elle aussi rarement prise en défaut, à savoir Kill Rock Stars (Xiu Xiu, Gossip, Deerhoof…). Mais pour être honnête, la joyeuse bande de Seattle pourrait même vendre son âme à Universal ou EMI pour quelques millions de dollars que ça n'y changerait pas grand-chose. Ceci étant, vu sa tendance à être férocement indie (le groupe a refusé qu'un de ses titres soit utilisé dans une pub pour Hummer), le trio ne risque pas de céder au chant des sirènes entonné par des majors. Pourtant, ces dernières seraient bien inspirées de jeter une oreille à un groupe qui n'est ni plus ni moins que l'alternative la plus intéressante et la plus crédible aux moribonds Weezer, dont le dernier album ne fait illusion que sur une poignée de titres.
A la base une formation spécialisée dans le garage punk redoutablement efficace (jetez donc une oreille à l'incendiaire Fuckin' A), les Thermals ont entamé une lente mutation sur leur précédent effort, The Body, The Blood, The Machine. Moins tranchant et plus pop, quoique virulent dans le propos, cette troisième réalisation ouvrait la voie à une plus grande reconnaissance auprès d'un public ne crachant pas sur un mélange percutant de riffs sauvages et d'enrobages plus moelleux – l'excellent single "A Pillar of Salt" illustrant ce propos à merveille. Comme on l'espérait, le groupe enfonce le clou avec ce nouvel effort, comme d'habitude à la hauteur des attentes. Là où son prédécesseur prenait des airs d'attaque en règle contre l'administration Bush et ses excès en tous genres, Now We Can See s'attaque au thème de la mort avec cette énergie pure et libératrice qui a toujours animé la formation originaire de l'Oregon et qui rend le traitement du sujet un peu moins pompeux que prévu. Avec ses onze brûlots de power-punk dépassant rarement les trois minutes, The Thermals réconcilient simplicité et efficacité dans une ambiance tout simplement survoltée et à laquelle je mets au défi n'importe quel amateur d'indie de résister.
Peut-être pas le meilleur effort du groupe mais très loin de décevoir, Now We Can See met fin d'une bien belle manière à une attente longue de trois années. Certes, vous ne trouverez pas sur ce nouvel opus des singles susceptibles d'envahir les ondes de vos radios préférées car les Thermals ne jouent pas dans cette division-là. Par contre, pour ce qui est de votre bonheur, vous n'avez pas trop de soucis à vous faire. Robuste et cohérent, Now We Can See est tout simplement un album inattaquable dont on pourrait bien vous reparler aux alentours du mois de décembre, si vous voyez ce que je veux dire…