Not Easy To Cook

Cannibale

Born Bad Records – 2018
par Gwen, le 7 janvier 2019
8

Cannibale. Deuxième album. Not easy to cook. Vous l’avez ? Pourtant, amarrer la suite de l’excellent No Mercy For Love à peine plus d’un an après sa sortie, cela tend à prouver que le groupe avait encore quelques lourds filets à extirper du marais. Et sans beaucoup de difficultés, semble-t-il. Si No Mercy For Love exhibait fièrement ses coups d’éclat, Not Easy To Cook manipule sa machette avec plus de souplesse dans le poignet. Encerclé par ses coassements de grenouilles en rut, notre convoi de Normands traverse les mangroves, en aplatissant régulièrement un moustique. Juste pour le fun. Les références sont toujours présentes (des sursauts de David Byrne, la cumbia colombienne, probablement un paquet de soirées grillades entre potes…), mais Cannibale en affine les contours pour gagner en cohérence. Les gars ont définitivement adopté une psych-pop tropicale qu’ils sont peu nombreux à maîtriser sérieusement sans se prendre trop au sérieux. Peut-être parce que le genre n’existait pas encore en l’état ou que cela demande un peu de courage pour oser s’y frotter, surtout depuis un trou dans l’Orne. Il faut la bonne voix, un certain niveau de nonchalance, le rythme adéquat et de l’ayahuasca de qualité. Et puis, l’orgue en première ligne, ça peut faire un peu peur. Les maracas aussi. Rien que pour avoir baptisé un morceau "The Ugliest Rabbit of the 70’s" (« he’s got a pretty fucked up face… »), on se doit de leur tirer notre humble couvre-chef. Cannibale poursuit donc sa croisière dans la joie et la bonne humeur. On suppose qu’ils parviendront un jour au bout du delta et qu’ils exploreront alors d’autres pistes. Du death metal tropical peut-être? Ou du gabber caribéen? Pourquoi pas finalement.