Noctourniquet

The Mars Volta

 – 2012
par Laurent, le 27 avril 2012
9

Pour les retardataires, The Mars Volta, c’est ce groupe foutraque à deux têtes pensantes (Cedric Bixler-Zavala et Omar Rodriguez-Lopez) qui symbolise bien ce qu’un groupe du troisième millénaire peut apporter de neuf dans l’histoire du rock. A la fois post-punk et prog rock, les membres des résuscités d'At the Drive-In sortent des albums très « œuvres d’art », où chaque titre fait office de tiroir-caisse bourré de trouvailles sonores et où même la pochette emballe le tout avec parcimonie. Un véritable musée d’art moderne.

The Mars Volta toujours été ce groupe que l’on adore ou que l’on déteste. Il est vrai que les titres sont lourds à digérer, longs à divulguer leur beauté. Pour faire court: cérébraux. On ne peut rien faire d’autre en même temps, si on ne veut pas compromettre le reste. On ne peut certainement pas les écouter entre amis (ou alors sans se parler) ni en fond sonore, car plutôt que les sens, ce seraient les nerfs qui seraient mis à rude épreuve. L’art avec un grand A n’a jamais été facile à aborder. A tel point que la sortie d’un nouveau The Mars Volta n’était pas non plus attendue comme le messie, car on savait qu’on devrait à nouveau en baver. Ca n’a pas changé. Mais force est de constater qu’on prend, comme d’habitude, un pied géant à les écouter. John Frusciante, bien qu’ayant quitté les Red Hot, n’est pas de la partie cette fois-ci. Dommage mais nullement dommageable.

Le premier titre magistral de ce Noctourniquet s'inspirant des comics US et de la mythologie grecque plante le décor, histoire de ne pas trop épouvanter les oreilles de prime abord. Un titre faible au regard de la discographie du groupe, mais déjà des cimes au-dessus de ce que font pas mal de leurs contemporains. Dès le deuxième titre, on en redemande. « Aegis » est subtilement construit, dans la mouvance d’un Pink Floyd survitaminé frôlant le Faith No More (hein ?) et/ou Led Zep et/ou Radiohead. Le chant est haut perché, accompagné d’instrumentations très travaillées. Dès « Dislexicon », le troisième titre, ça part complètement en vrille. A écouter absolument si on a envie de tout casser par procuration. Ça le fait. Vraiment. « In Absentia », le  titre le plus long, est à déguster en boucle tant il sème ici et là des shots jouissifs. « The Malkin Jewel » a l’audace d’évoquer la voix de Peter Murphy (Bauhaus) sur des instrumentations arabisantes et jazz... Le genre de bizarrerie qui fait de The Mars Volta des expérimentateurs attachants. Et ça continue...

Et puis ce qui est bien avec eux, c’est que les oreilles courageuses et patientes sont récompensées : des sons se faufilent et jouent à cache-cache. Les amateurs de guitares enflammées, de batteries endiablées et de synthés disloqués, le tout monté en mayonnaise, en auront pour leur argent car Noctourniquet est un véritable feu d’artifice sonore, ni plus ni moins.