no world
inc.
La première chose que l’on remarque chez inc., duo de producteurs de r'n'b basé à Los Angeles et dont no world est le premier album, c’est cette sobriété bienvenue dans la voix du chanteur, Andrew Aged - même si on soupçonne fortement que cette retenue soit davantage imposée par son coffre limité que le fruit d'un choix conscient. Le résultat global est donc plus proche de Justin Timberlake que de The Weeknd, tandis que les productions et les arrangements évoquent plutôt le travail d’un Jacques Greene ou d’une partie de la scène anglaise.
Très bien produit donc, trop bien produit même. En effet, l’ensemble en devient vite beaucoup trop lisse. L’album respecte pourtant parfaitement le cahier des charges de ce renouveau r'n'b actuel, avec ses rythmiques et ses synthés qui empruntent aux musiques électroniques, le tout accompagné d’instrumentations plus soul. Mais l’ensemble est malheureusement enfoui sous une tonne de pistes et rien n’en ressort réellement. Pas un riff accrocheur, pas un gimmick marquant; à peine quelques refrains qu’on retient – à cet égard, « The Place » est un bon morceau, on ne ve pas se mentir.
On retient donc quelques moments de bravoure, comme le passage instrumental de « Desert Rose », mais dans l’ensemble il faut avouer que si on aime méditer ou lire un bouquin, c'est parfait. Dans les autres cas de figure, c’est assez ennuyeux.
Il n’y a rien à jeter sur no world, mais rien non plus que l’on ait envie de réécouter. En même temps, c’est ce que j’ai pensé de l’album de Frank Ocean et le monde entier se prosterne devant lui. Seulement, le crooner d'Odd Future a une voix magnifique, et il est surtout capable d’écrire une chanson aussi belle que « Pink Matter ».