No Wish To Reminisce

Neal Casal

Fargo – 2006
par Nicolas, le 10 septembre 2006
7

Six longues années, c’est le temps qu’aura pris Neal Casal pour accoucher du successeur d’Anytime Tomorrow, album ô combien acclamé par la critique. Arrivé à ce qu’il considérait être l’un des points culminants de sa carrière, l’artiste décida alors de ne plus sortir de nouvel opus tant qu’il n’aurait pas en main son chef-d’œuvre. Neal ne sombra pas pour autant dans l’inactivité la plus totale tant les projets se succédèrent : le mini-LP Ran On Pure Lightning en 2002 avec la chanteuse Shannon McNally, deux opus avec son trio soul Hazy Malaze, un disque de reprises (Return In Kind) et quelques apparitions chez des artistes aussi divers que les Beachwood Sparks, Ryan Adams ou encore la jeune Emily Loizeau. N’ayant pas chômé durant ces six dernières années, Neal Casal nous revient donc avec un No Wish To Reminisce suscitant les espoirs les plus fous, au vu des déclarations de l’artiste.

Fini l’americana pur jus et les compositions dénudées du folk, No Wish To Reminisce affiche la volonté de tirer un trait sur tout ce qui a fait jusqu’à présent le succès du songwriter. Dès le titre d’ouverture ("You Don't See Me Crying"), on comprend de suite où Neal Casal veut en venir : les compositions prennent une coloration pop voire même rock (sur "Sleeping Pills In Stereo") qu’on ne connaissait pas à l’Américain. Si les mélodies sont claires et lumineuses, les textes qui viennent s’y greffer le sont nettement moins, ces derniers évoquant les difficultés rencontrées par Neal depuis Anytime Tomorrow. Produit par Michael Deming (Silver Jews, Pernice Brothers), No Wish To Reminisce fait place à une instrumentation particulièrement dense et soignée sur laquelle on retrouve du sitar, des synthés analogiques ou du clavecin. De ces treize ballades pop, on retiendra, outre les deux premiers titres, certaines merveilles tels le simplissime "Lost Satellite" ou le mélancolique "Death Of Dream" qui se perdent quelque peu dans la grandiloquence d’un No Wish To Reminisce trop sucré. Prises individuellement, toutes les compositions sont de réels petits bijoux. Toutefois, leur consommation demande une certaine modération… car l’abus, même de bonnes choses, est nuisible pour la santé. Si cet album ne se révèle pas être le chef-d’œuvre tant attendu, il n’en demeure pas moins que sa production est d’une qualité bien supérieure à la plupart des sorties de ces derniers temps.