No Time Between
Overhead
Finalement, Overhead tel qu'on le connaissait jusqu'à présent n'était qu’un groupe factice. Le faux-nez de Nicolas Leroux, chanteur, auteur et compositeur, qui a choisi de révéler la vraie nature de cette formation en se séparant des trois acolytes qui lui avaient permis d’accoucher d’un premier album auguste et prometteur en 2002. Et le changement de personnel de s’accompagner d’un changement assez radical de son que l’on n’attendait pas franchement de la part des auteurs de "Waterproof".
Alors que le premier opus, Silent Witness, se parait d’accents pop jazzy vaporeux qui faisaient rêver les uns et s’endormir les autres, ce No Time Between passe la seconde, au risque de mettre de côté une certaine singularité, voire un anticonformisme attachant et assez audacieux. Car Overhead "sonnait"» vraiment différemment de tous ces groupes à la mode qui ne jurent que par les six cordes, comme d’autres les six coups.
Du premier album ne demeurent donc que la superbe voix de Leroux, les jolies mélodies, comme sur "I don’t want you" et, dans une nettement moindre mesure, les envolées à la Jeff Buckley, sur "The Handsome Machine" (excellente, un vrai tube en puissance) ou "From Flesh to purple Sky". Pour le reste, les guitares électriques et les rythmiques échevelées sont de sortie, comme en témoignent "Talk Real", qui ouvre l’album, ou encore "Here it comes again", qui traduisent parfaitement à elles seules cette transmutation que l’on considérera comme franchement réussie ou plutôt regrettable selon sa propre sensibilité, une sensibilité que, précisément, on peine un peu à retrouver et qui n'apparaît plus que de manière fugace ("Tight and Turned").
Volonté de s’attirer un public plus large, voire plus jeune ? Nécessité impérieuse de changer, de se lâcher ? D’adopter le "lifestyle radio star" ? Mystère… L’auteur de ces quelques lignes ne peut s’empêcher de se dire qu’Overhead avait bien plus à gagner à persévérer dans la pop soyeuse et envoûtante de ses débuts, mais on sait gré à Nicolas Leroux d’avoir osé chambouler cet acquis, quand tant de groupes tentent, au moment du second album, de capitaliser sans rien brusquer les tendres promesses des débuts. Au final, No Time Between n’a pas la magie de son prédécesseur, ce qui n’en fait pas un mauvais disque pour autant, loin de là, juste un poil déconcertant, pour un résultat somme toute très plaisant.