Niño Rojo

Devendra Banhart

Young God Records – 2004
par Jeff, le 18 octobre 2004
9

On pourrait parler des pages durant de cet homme atypique qu’est Devendra Banhart, on pourrait s’étendre en long et en large sur le chemin parcouru par le bonhomme depuis ses débuts à San Fransisco, on pourrait discuter à l’envi de ses nombreux talents artistiques, de son apparence extérieure si particulière qui fait penser à une version 'baba cool' de Vincent Gallo, on pourrait écrire des paragraphes entiers sur la hype qui entoure petit à petit ce jeune homme de 23 ans, mais à quoi bon noircir tant de papier pour rien? Tout cela est si futile une fois Niño Rojo inséré dans le lecteur. Car à partir de cet instant, une seule constatation s’impose : Devendra Banhart est un grand monsieur. Point barre. Comment pourrait-on penser le contraire de celui qui a en l’espace de quelques mois sorti les deux plus beaux disques de folk qu’il m’ait été donné d’entendre en 2004. A peine ai-je eu le temps de découvrir les nombreux recoins de Rejoicing in the Hands que l’homme nous revient déjà avec ce Niño Rojo tout aussi enthousiasmant.

Devendra Banhart reprend les choses là où il les avait laissées avec son dernier album ; chose somme toute logique puisque les seize titres de Niño Rojo sont issus de la session d’enregistrement de Rejoicing In The Hands. L’auditeur a toujours l’impression de se trouver face à cet être hybride, fusion réussie entre Nick Drake, Syd Barrett et Will Oldham. Et un hippie.

Dès les premiers accords de "Wake Up Little Sparrow", on retrouve avec une joie non dissimulée cette guitare espagnole enchanteresse, ces textes bizarres et parfois sombres ainsi que ces accords de fingerpicking touchants. Il faut aussi mentionner cette voix sortie de nulle part, parfois chevrotante, parfois frémissante mais toujours émouvante. On ne se lasse pas de ces mélodies sorties de nulle part, de ces chansons qui séduisent par leur rare simplicité. Une musique tout simplement belle et éternelle qui se plaît à transcender les époques. Ce disque aurait pu sortir trente ans plus tôt et on y aurait pas vu la moindre différence. Pourtant il faudra bien s’y faire, la musique de Devendra Banhart a beau se vouloir intemporelle, il n’en reste pas moins qu’elle restera associée pour longtemps comme ayant marqué de son sceau un année 2004 qui a vu le retour en force du folk sous toutes ses formes (par le biais d’artistes comme Iron & Wine, Sufjan Stevens ou encore Joanna Newsom).

Comme je le disais donc en début de chronique : pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Niño Rojo est un album de folk/neo-folk/weird folk (appelez ça comme vous voulez) à côté duquel tout amateur de bonne musique qui se respecte ne peut passer. Quarante cinq minutes et onze secondes d’une expérience bouleversante et impressionnante. Un joyau comme il en sort rarement. Bref, un must.

Le goût des autres :
9 Nicolas 7 Popop