Night Work

Scissor Sisters

Polydor – 2010
par Gwen, le 30 juin 2010
7

En accompagnant le retour des chaleurs estivales, les Scissor Sisters ont judicieusement choisi la date de sortie de leur nouvel album. Se dandiner autour du barbecue, une pique à côtelette en guise de micro, est une activité qui requiert une bande-son sur mesure. Dans cette optique, Night Work accomplit pleinement sa mission. Réussir à faire sérieusement de la musique pas sérieuse reste l’un des atouts majeurs de la troupe new yorkaise. Si un bon titre disco s’adresse davantage aux hanches qu’aux cellules grises, il faut admettre que sa conception demande une sacrée discipline. Un solo de guitare qui s'attarde trop, un beat qui dérape, un léger manque d’auto-dérision et paf! c’est le faux-cil dans le gazpacho.

De ce côté-là, pas de remise en question fondamentale pour cette troisième fournée. Visiblement, personne n’a osé leurs apprendre que le Studio 54 n’existait plus, de peur qu’ils ne survivent pas à la nouvelle. Car, lorsqu’il s’agit de remuer les foules, les Soeurs Ciseaux n’aiment pas faire le boulot à moitié. Un orteil qui n’a pas frétillé dès la troisième seconde de l’intro peut être considéré comme le signe d’un lamentable échec.

Tout en cultivant cette affection pour les dancefloors seventies, ils (elles?) évitent toutefois de trébucher sur la carpette de la nostalgie. Les mélodies gardent le cap et l’assaisonnement électro – un arrière-goût de Tiga, avancerons-nous - permet un retour régulier au troisième millénaire. Même si ses ascensions vocales ne sont pas de tout repos, Jake Shears demeure une admirable chanteuse (pourvu d’un impressionnant fessier si l’on admet que la chose sur la pochette lui appartienne) et la plantureuse Ana Matronic défie toujours le mercure malgré une présence ici trop discrète.

Usine à tubes, Night Work a tout de même du mal à dissimuler quelques témoignages de mauvais goût. Etrangement choisi comme premier single, "Fire With Fire" ressemble à un piètre morceau d’Elton John (vous établirez vous-même s’il s’agit d’un pléonasme) remixé par David Guetta. Mauvaise pioche lorsque l’éponyme "Night Work" aurait fait un hymne de troisième mi-temps parfaitement acceptable. De même, l’édulcoré "Skintight" est déjà oublié et "Sex And Violence" manque cruellement de sexe et de violence.

Comme on peut s’en douter avec les Scissor Sisters, leur petit dernier ne plaira sans doute pas à ceux qui craignent de mettre leur virilité en danger. Par contre, si vous êtes prêts à humidifier la piste de danse en toute impunité, celui-ci constituera un excellent investissement.