New Spirit
PVT
Il y a plus difficile pour un groupe qui atteint les 10 ans que d'explorer de nouveaux territoires musicaux: avoir le courage d'approfondir ceux qu'on a déjà cartographié. C'est le cas de PVT qui, avec son 5ème album, confirme le tournant pop électronique pris sur Homosapien, sans pour autant renier leur passé plus expérimental. Et c'est convaincant: le disque comporte quelques titres très forts tout en se tenant dans sa globalité.
Ce n'était pas gagné pourtant. Après 4 disques toujours respectables sans pour autant devenir indispensables, le trio australien allait-il réussir à attirer les oreilles sur un disque annoncé comme "politique" et sorti sur un petit label? Les deux premiers singles ont fait leur part du boulot, mais qu'en serait-il de l'ensemble? Et comment concilier les attentes de ceux qui espèrent toujours un retour vers une musique plus savante comme sur Church With No Magic vu les ambitions pop évidentes du vocaliste Richard Pike sur Homosapien? Toutes ces questions, PVT y répond avec un certain brio dans le coeur de New Spirit, même si les débuts sont laborieux.
Cet album nécessite en effet un peu de patience: il s'ouvre sur quelques titres loin de montrer le groupe sous son meilleur jour. Les volutes de clavier de "Spirit of the Plains" sont trop vides pour qu'on y trouve le moindre intérêt, et on finit pas par la passer systématiquement dès la troisième écoute du disque. "A Feeling You Can Find" tente d'être un single radiophonique "à la Warp" sans y parvenir, peut-être à cause de choix de production assez douteux: difficile de se séparer de l'impression que pas mal d'effets sont là pour justifier leur qualificatif "avant-gardiste", ce qui n'a pas vraiment de sens pour un morceau dont la construction est essentiellement pop.
Il faut en réalité attendre la 5ème plage du disque et le titre "Another Life" pour réellement commencer à apprécier les qualités de New Spirit. A partir de là, tout s'enchaîne, dont la pièce centrale "Morning Mist, Rock Island Band" qui prend au coeur du disque une dimension encore plus épique que lors de sa sortie single. Pendant 25 minutes, PVT nous offre ce qui se fait de mieux en pop mâtinée d'electronica: percussion, vocaux et claviers forment un bel ensemble pour soutenir des morceaux riches, bien écrits, qui évitent l'écueil de la grandiloquence et laissent ainsi de la place à l'émotion (par exemple, sur "Murder Mall"). La conscience politique du groupe s'exprime, évidemment, mais avec une certaine pudeur sur la plupart des titres. Et même quand c'est plus direct comme sur "New Spirit", celle-ci ne prend pas le dessus sur la qualité musicale. Dommage de refermer le disque sur un "Fake Sun In China" souffrant des mêmes défauts que le titre d'ouverture.
Mais la plus grande réussite de ce disque, c'est de former un ensemble très cohérent et capable de rassembler une très large audience. Il convaincra un public plus habitué aux formats pop-rock travaillés (vous savez, ces gens qui ont toujours OK Computer comme disque de chevet), mais aussi les oreilles plus curieuses qui apprécieront le travail effectué sur un disque qui dévoile pas mal de richesse quand on prend le temps de l'écouter avec toute l'attention qu'il mérite.