New Folder
Few Nolder
C’est un classique des vidéos circulant sur YouTube et qu’il fait bon partager entre potes : un micro-trottoir dans un patelin du fin fond de l’Iowa ou de l’Arkansas où un journaliste pose à des Américains moyens des questions de culture générale auxquelles une partie de ceux-ci fournissent des réponses qui déclenchent tant l’hilarité que la consternation chez l’Européen cultivé que nous croyons être. Pourtant, on connaît tous la fameuse parabole de la poutre et de la paille : demandez donc à un Français ou à un Belge moyen de citer trois choses qui font la renommée de la Lituanie et vous risquez fort de vous écraser la gueule sur un mur d’ignorance, voire de connerie. Heureusement, Goûte Mes Disques pense aussi aux moins europhiles de ses lecteurs avec cette chronique de Few Nolder, alias Linas Strockis, producteur originaire de Vilnius, charmante capitale du plus méridional des pays baltes.
Signé sur l’impeccable label Planet Mu, une structure dont vous nous parlons régulièrement sur nos pages pour ses sorties orientées dubstep (iTAL tEK, Starkey ou les compilations de la grande prêtresse Mary Anne Hobbs), Few Nolder fait partie de cette nouvelle vague de producteurs, rejetons de la génération Internet, qui ont bouffé de la musique électronique sous toutes ses formes dès le plus jeune âge et la recrachent sur des albums dont la variété n’aura de cesse de nous étonner. Et bien que Planet Mu ne soit pas un label connu pour ses sorties dancefloor, c'est bien un as de la rythmique qui effrite les rotules qui sort enfin son premier album, après avoir été repéré par quelques nez fins en 2008 avec son maxi « No Mo/Brenn » - deux titres qui figurent par ailleurs sur New Folder. D’une impressionnante variété et d’une revigorante fraîcheur, New Folder est donc un album qui fait montre d’une belle maîtrise des différents codes qui régissent les courants de la musique électronique : techno d’une froideur renversante digne des meilleures plaques de Kompakt (grisant « Pillow »), IDM mécanique, disco-house généreuse ( « El Snig » et sa voix féminine en lituanien) ou électro rouleau compresseur d’une force de frappe à rendre jaloux un Vitalic (énorme « Top », sommet maximaliste de l’album), il n'est pas un genre que Linas Strockis n’ait appris à maîtriser – et à mélanger – au fil du temps et des découvertes.
Finalement, malgré son côté touche-à-tout et parfois encyclopédique, ce premier album de Few Nolder reste extrêmement accessible et devrait plaire à tous les mélomanes un tant soit peu ouverts d’esprit et avides de découvertes. Car une chose est désormais certaine : découvert avec son maxi « No Mo/Brenn », Few Nolder transforme l’essai avec ce premier album qui place (enfin!) la Lituanie sur la carte musicale.