New Erotica Collection
System Olympia
Alors que le sexe n’a jamais été aussi omniprésent dans nos vies, il est étonnant de voir combien celui-ci reste encore très souvent un plaisir inavouable ou une source de gêne – comment pourrait-il en être autrement quand on nous en présente la plupart du temps une vision parfaitement ripolinée. Mais pire encore, il est déplorable de voir combien il est compliqué pour certains artistes de vivre pleinement une forme de sexualité à travers leur musique - et spoiler alert, ce n’est pas la gent masculine qui est visée par les insultes et les quolibets. Malgré ce tableau plutôt sombre, il y a quand même des raisons de se réjouir, notamment le fait que certaines femmes parviennent à passer outre les habituelles désobligeances pour aller au bout de leur vision, d’incarner celle-ci de la plus totale des manières.
Et Francesca Macri alias System Olympia, est à ranger dans cette catégorie : rarement ces dernières années la musique n’aura sonné aussi sexy que sur les productions de la DJ et productrice italienne installée à Londres. Il faut dire que, non contente d’avoir été exposée à un très jeune âge aux films de Tinto Brass, grand maître italien de l’érotisme, elle cite parmi ses influences majeures Prince, dont la capacité à encourager l’horizontalité des rapports humains n’est plus vraiment à prouver. Avec ces deux référents pour points de départ, System Olympia se prend d’affection pour d’autres formes musicales capables de donner des bouffées de chaleurs à la plus frigide des âmes – on pense à l’italo-disco, la deep house façon Moodymann (logique, c’est un autre disciple appliqué du Purple One), le funk, ou cette scène balearic qui a fait souffler un vent d’hédonisme sur l’île d’Ibiza avant que celle-ci ne soit vampirisée par sa propre hype. Et puis comme la pochette de ce nouveau disque n’aura pas manqué de vous le faire comprendre, le contenant sait se mettre au diapason du contenu.
Comme son nom ne l’indique pas tout à fait, New Erotica Collection compile des titres pour la plupart sortis ces dernières années et sur des disques atteignant pour certains sur Discogs des tarifs aussi indécents que certaines des tenues affichées par Francesca Magri sur Insta. Mais surtout, on y retrouve tout ce qui fait le charme et le piquant de System Olympia : une lascivité de tous les instants, une profondeur de jeu qui mettrait en échec le meilleur catenaccio, une vénération pour une époque révolue qui jamais ne sombre dans l’hommage déplacé, une volonté de nous surprendre alors que l’on croyait le chemin bien balisé (les délicieuses courbures funk de « Falling in Love ») et des choix d’edits bien sentis (grâce à elle, on a découvert la synth-pop de Première Classe). Pas de doute, avec System Olympia, l’été sera chaud. Et le reste de l’année aussi.