Nature Noir
Crystal Stilts
On peut aborder le psychédélisme en musique de plusieurs manières. Il y a l’école machines à fumée, kaléidoscopes et titres à rallonge tels qu’on pu la pratiquer les glorieux parrains Hawkwind, Grateful Dead ou le Pink Floyd de Roger Waters. Il y a également l’école champêtre des comptines fantastiques, architectures gigognes et mélodies obliques avec titres courts comme chez le Pink Floyd de Syd Barrett, Kevin Ayers ou la magnifique imposture Dukes of The Stratosphere. C’est plutôt dans cette deuxième lignée que s’inscrivent les Crystal Stilts avec un son, une voix et des guitares souvent proches de certains héritiers plus récents des groupes précités, parmi lesquels les Spacemen 3 ou les Jesus And Mary Chain. Un psychédélisme parfois proche du garage dans son côté sec et légèrement cradingue, pas une musique d’astiqueurs du manche donc et ça nous va bien comme ça. La bonne surprise de cet album, c’est sa fraîcheur. Des titres courts, simples avec juste ce qu’il faut de déviance et de trouvailles d’arrangements pour rendre le tout extrêmement plaisant, comme sur le morceau éponyme ou « Future Folklore ». L’ensemble est par ailleurs porté par une voix qui, sans en faire des caisses, a la classe des beaux timbres graves et rocailleux qui en imposent. A cet égard Brad Hargett serait presque un modèle d’économie et d’ascèse à tous les apprentis braillards de la planète. Un album court, simple et cohérent qui sans être aussi ambitieux que ses prédécesseurs est pourtant peut-être celui que l’on réécoutera le plus dans la discographie des Crystal Stilts, et ma foi, c’est déjà pas mal du tout.