My Wilderness

Il est des albums dont l'écoute s'apparente à faire ses courses chez Nature et Découverte ou bouffer du tofu : ça va cinq minutes mais faut pas non plus pousser pépé dans les agaves. S'agissant de ce nouveau disque de Piers Faccini, ça commence tout doucement avec "No Reply" et on se pense alors embarqué dans un album sympa de folk tranquille et certainement pas prise de tête, le genre de galette que l'on pourra mettre en faisant la vaisselle ou si l'on reçoit sa belle-mère à déjeuner un dimanche pluvieux de novembre. Mais très vite, ce n'est plus possible, ou alors c'est risquer de casser trois assiettes ou de mélanger le Destop et le vin de Bordeaux pour le plat servi à belle-maman, ce qui serait tout de même assez fâcheux vous en conviendrez, surtout pour les assiettes.

Piers Faccini doit se considérer comme un citoyen du monde. Il est Anglais, il vit à Paris, il a un nom italien et il joue dans des festivals écolos. C'est très bien tout cela, mais le problème, c'est qu'il nous le fait bien sentir. Et vas-y que je te colle un coup de guitare flamenca, une section de cuivre balkanisante sur "The Beggar And The Thief" et "Dreamer", un motif de cordes arabisant sur "Say But Don't Say" et "And Still The Calling" ou encore une intro africanisante sur "Tribe". Tout ça en devient vite pénible, et surtout fait vraiment peu de cas de ces musiques-là pour s'amuser à les utiliser et les réduire à de vulgaires cartes postales kitsch. En fait, tout est fait sur My Wilderness pour être confortable et surtout pas dérangeant. Prenez la batterie par exemple : elle a un son tellement insipide et sans relief que la boîte à rythme du synthé Casio de votre gamine aurait plus de chien. Et cette façon de chanter, à mi-chemin entre soul de supermarché discount et folk de beau bobo. Mais bon, inutile d'être méchant plus que de raison. Pour faire simple et direct, on tient ici le type de disque qui mériterait d'être vendu dans un biocoop avec un sticker "Garanti sans phosphates, idéal pour fosses septiques".