My Head Is An Animal
Of Monsters and Men
Et bah alors, il aura fallu le temps... Il ne date pas de 2011, ce disque? Écoute, c’est pas complètement faux, mais si certaines majors (suivez mon regard) ont cru bon de faire patienter les fans français jusqu’au 8 octobre, alors on s’est dit qu’on allait prendre notre temps aussi avant de chroniquer cette première plaquette des Islandais de Of Monsters and Men. Alors bon, évidemment, tout le monde a déjà entendu le single accrocheur "Little Talks" diffusé en boucle sur la plupart des ondes FM depuis le printemps dernier, mais il s’avère en réalité que c’est la (quasi-)totalité de ce premier opus qui vaut le détour.
Souvent annoncés comme les "nouveaux Arcade Fire", au prix d’une périphrase qui a le double effet pervers de déclasser trop rapidement la bande à Win Butler et de mettre une sacrée pression sur les intéressés, les Islandais convainquent d’emblée. Quelques fausses notes mises à part (à l’image du sirupeux "Slow and Steady"), leur album se distingue au moins par la qualité de ses arrangements et par la fraîcheur particulière de certains des titres qui le composent. D’emblée, le titre liminaire, "Dirty Paws", met la barre assez haut, où les voix de Nanna Bryndís Hilmarsdóttir et Ragnar Þórhallsson se superposent pour accompagner la progression d’une harmonie qui va en se durcissant, sans pour autant se départir d’une certaine délicatesse. Cette finesse, on la retrouve également dans des ballades dépouillées, à l’image de "Love, Love, Love", jolie respiration de quatre minutes soulignée par un mélodica opportun. Ailleurs, sur "Little Talks" et "Lakehouse", quelques envolées cuivrées donnent même, çà et là, des touches ska à cet album qui, formellement, prend régulièrement à contrepied la petite mythologie de la mélancolie scandinave.
Bien sûr, à côté de ça, les textes sont parfois carrément naïfs (comme un refus engagé de la déréliction, le titre "From Finner" se conclut par un apophtegme aux allures d’hymne à l’ataraxie : "We’re far from home but we’re so happy") et l’impression de redite est assez inévitable dès lors que le groupe opte pour des mélodies simples ponctuées de sons de glockenspiel qui peuvent devenir lassants ("Mountain Sound", le deuxième single du groupe, s’écoute comme un ersatz de "Little Talks"). Mais il n’empêche que, pour un coup d’essai, ce My Head Is An Animal est loin d’être raté : les vainqueurs de l’édition 2010 du Músíktilraunir ne sont certainement pas les "nouveaux Arcade Fire", mais ils forment un bon groupe de folk-rock, qui s’écoute avec un certain plaisir et dont les compositions, comme ils ont eu l’occasion de le montrer durant l’été, tiennent la route sur scène. Et, franchement, c’est déjà pas si mal.