My Best Remixes
Joakim
Goûte Mes Disques, c’est une équipe d’une dizaine de rédacteurs qui n’ont rien de professionnels et qu’une simple envie de partager avec le plus grand nombre réunit au sein d’une rédaction virtuelle qui s’est fixé pour seule règle de parler avec conviction de ce qu’elle aime, ou parfois abhorre. Evidemment, vu des emplois du temps souvent chargés et des effectifs réduits, le nombre de bons disques qui échappent à nos radars sont légion. Et je me retrouve donc en plein mois de février à vous parler de My Best Remixes, le disque réunissant les meilleures relectures de Joakim et sorti le… 27 octobre 2008. Qu’importe finalement. Ceux qui ont appris à connaître le volubile Français sur ses trois premiers efforts studios (dont le magnifique et fantomatique Monsters & Silly Songs de 2006) savent qu’il n’est pas l’homme d’une hype éphémère et que ses œuvres, complexes et protéiformes, s’inscrivent dans la durée.
Habitué à mélanger toutes les formes de musique (kraut, house, ambient, techno ou pop), Joakim n'a rien de l'homme providentiel à la carrure taillée pour enflammer les dancefloors XXL de Paris, Ibiza ou Londres. Pourtant, ce grand escogriffe à la mine un tantinet patibulaire (un croisement entre Jermaine de Flight of the Conchords et Gaz Coombes de Supergrass) compte parmi les meilleurs remixeurs de sa génération et ses relectures figurent souvent en bonne position des flight case de Simian Mobile Disco ou Erol Alkan. Il faut dire que le boss de l’irréprochable label Tigersushi n’a pas son pareil pour s’approprier des morceaux, les passer à la moulinette de son imagination aussi torturée que débordante pour enfin en recracher une bombinette qui n’a souvent rien avoir avec l’original. Ainsi, l’electro-pop sucrée de la belle Annie s'accommode parfaitement d'une basse lourde et de claviers acides tandis que le jazz de Lionel Hampton bouffe quelques gélules de testostérone pour se métamorphoser en un tube électro ou que le « Hearts In Fire » de Cut Copy embarque pour un voyage intersidéral et hypnotique. Et même quand la mutation est à peine perceptible, comme c’est le cas pour l’énorme « Why Not ? » d’Alter Ego, un titre qui se suffit à lui-même, on applaudit Joakim pour son souci du détail.
Bref, qu’il travaille pour son compte ou monnaie ses services pour d’autres, Joakim Bouaziz continue d’imposer sa griffe, celle d’un artiste intransigeant qui n'aime pas avoir recours aux mêmes gimmicks éculés pour plaire (nos regards se tournent alors vers une écurie parisienne emblématique de la French Touch 2.0) et préfère tabler sur l'effet de surprise permanent. D’ailleurs, de surprise, il n'en est pas vraiment question pour My Best Remixes. On parlera plutôt de nouvelle confirmation d’un talent qui sévit depuis quelques années déjà. Impeccable.