Music For Tourists
Chris Garneau
Voici quelques mois, le nom de Chris Garneau circulait encore comme l’un des secrets les mieux gardés de la blogosphère. Et même si Music For Tourists était sorti aux Etats-Unis (sur Absolutely Kosher Records), il fallut néanmoins attendre que le toujours indispensable label Fargo le publie dans nos contrées pour pouvoir mettre la main sur l’objet physique. Avec, en prime, une nouvelle pochette, le premier album de ce songwriter originaire du New Jersey aura mis du temps pour arriver mais, une chose est sûre, il en mettra encore davantage avant de nous quitter.
Et si le tracklisting a été légèrement remanié de telle sorte que l’on ne retrouve aujourd’hui que 11 morceaux sur Music For Tourists, l’un d’entre eux donne le ton quant à l’univers de Chris Garneau : la reprise de "Between The Bars", l’un des plus purs joyaux de feu Elliott Smith. Car si le songwriter n’hésite pas à citer ses influences, qui vont de Nico à Chan Marshall en passant par Billie Holiday, Jeff Buckley, Nina Simone ou encore Tom Waits, c’est sans doute celle de l’auteur de "Miss Misery" qui est la plus perceptible sur son premier effort. Vous ne serez donc guère surpris d’apprendre que Chris Garneau livre à travers ses dix autres compositions une pop délicate et maniérée. D’une simplicité et d’une fragilité débordantes, à l’image de cette orchestration où l’on a seulement un harmonium, un piano, une voix et quelques cordes, Music For Tourists nous plonge littéralement dans l’intimité de son auteur. Derrière la mélancolie d’ensemble, on devine la sensibilité à fleur de peau d’un artiste, par moments, au bord de la rupture. Mais le résultat provoqué, lui, est diamétralement opposé vu que se dégage de la musique de Chris Garneau un profond sentiment de douceur. En écoutant cet opus, on se voit donc emmitouflé dans un cocon où les maîtres-mots jonglent entre tristesse reposante et poésie exacerbée.
Même si l’on a mis du temps pour entrer dans ce Music For Tourists, il convient de souligner que celui-ci colle à merveille à l’esprit du label Fargo. En faisant preuve d’une réelle cohérence dans son travail, la structure parisienne est actuellement ce qui se fait de mieux en France. Et possède, qui plus est, un catalogue durable (et de plus en plus impressionnant), loin des hypes à la durée de vie limitée (Cocoon, The Do,…).