Mr. Wonderful
Action Bronson
Alors que débarque enfin ce nouvel album d’Action Bronson, on a l’impression de connaître le bonhomme comme notre poche alors qu’il n’est dans nos vies que depuis 2 ou 3 ans. Et c’est un peu normal : avec un bon paquet de mixtapes essentielles à son actif (toutes postérieures à un premier album que personne ou presque n’a écouté) et des featurings remarqués et remarquables chez un bon paquet de têtes de gondole du rap jeu mondialisé, le rouquin du Queens n’a jamais vraiment quitté nos fils d’actualité. Mais voilà, après l’avoir vu donner de sa personne sur des produits qui sentaient souvent le véritable effort collaboratif (avec Party Supplies, Harry Fraud ou The Alchemist) et après l’avoir entendu jouer les caméléons chez les copains, on avait hâte d’entendre Arian Aslani suer à grosses gouttes sous les feux de la rampe. Et ça tombe plutôt bien, le gars est là où on l’attendait de pied ferme.
En même temps, Action Bronson évolue ici dans la continuité d’une carrière qui n’a jamais vraiment connu le coup de mou. Mais ici plus que jamais, on sent le projet focalisé sur son imposante personne. A l’inverse du dernier disque de Big Sean où ce dernier passe pour un simple invité dans sa propre maison, Action Bronson est vraiment le personnage central d’un Mr. Wonderful à la hauteur de son charisme et de son flow inimitable - sauf peut-être par Ghostface Killah. D’ailleurs, on ne s’étonne pas trop de l’absence de guests sur la quasi-totalité du disque. Un disque sur lequel Action Bronson ne joue pas non plus la carte de prise de risque, puisque les producteurs se nomment Statik Selektah, Party Supplies ou The Alchemist. Les copains d’abord. La seule ‘anomalie’ au casting est peut-être la présence de Mark Ronson sur deux titres - réussis, on vous rassure.
Toute cette joyeuse smala se retrouve le temps d’un disque que l’on qualifiera aisément « de saison », tant il fera de gros dégâts une fois les beaux jours de retour pour de bon. Et puis, en nous prouvant que légèreté n’est pas forcément synonyme de vacuité, Action Bronson se démène comme un beau diable pour que Mr. Wonderful fonde dans la bouche, pas dans la main. Malgré une personnalité unique qui peut prendre beaucoup de place, Action Bronson a saisi les vertus de la mesure, en accouchant d’un album d’une durée standard et trouvant un juste équilibre en productions perchées, titres plus radio-friendly, pépites pures et dures et clins d'oeil à une certaine idée un brin cheesy de la pop - ce sample de Billy Joel sur l'inaugural "Brand New Car". Et si on n’ira pas jusqu’à dire que Mr. Wonderful constitue un moment-clé dans la carrière de Bam Bam, on aura la lucidité de reconnaître que ce second album respecte la cahier des charges que l’on s’était imaginé. Net et sans bavure.