Mine Is Yours
Cold War Kids
"Définitivement, on voulait réaliser quelque chose de plus gros. On avait l’habitude de partager une esthétique « live » telle que celle des White Stripes ou des Black Keys mais cette fois, on voulait vraiment faire quelque chose de plus riche, plus classieux." C’est en ces termes que Nathan Willer décrivait la conception de son nouveau bébé au Rolling Stone. D’un certain point de vue, on peut admettre que cet homme a du cran et que sa fierté paternelle est assez touchante. En revanche, il lui manque une dose colossale de discernement.
En donnant la parole aux marginaux que la société américaine tente tant bien que mal d’épousseter sous le tapis, Cold War Kids avait bâti deux premiers albums solides et ambitieux. On espérait alors que ce sillon serait creusé avec plus de persévérance, tant les sujets traités semblaient inépuisables et inspirateurs pour un groupe qui n’hésitait pas à labourer la décharge publique. Mais la misère d’autrui ne nourrit pas son barde. Les petits malheurs du couple, par contre…
Car les Californiens n’ont plus vraiment le temps d’être en colère. Entre deux albums, ils ont passé la bague au doigt de leur blonde, certains ont fait des mômes. D’autres se sont pris la tête avec madame qui a probablement cassé quelques assiettes, fait ses valises et est retournée chez sa mère. Et, ça, pour une sensibilité d’artiste, ça fait mal, mec, très mal. On peut se dire que, après tout, pourquoi pas. Les peines de cœur ont tout de même engendré un certain nombre de chefs d’œuvre. Dans leur cas, les Cold War Kids se sont mis en tête de s’en servir pour grimper les charts "U2 stadium style" et ont fait appel à Jacquire King, producteur des Kings of Leon, qui a bien fait son boulot de Mr. White. Récuré à l’ammoniaque, "Finally Begin" pourrait servir de générique aux "Frères Scott ". "Cold Toes" excepté, plus de trace de blues ni de soul. Plus de basse crasseuse ni de voix incontrôlable. Alors que pour pleurer l’amour perdu, quelques boîtes de pizza vides et un jogging tâché, ça aide à convaincre.
Toujours dans le même entretien donné au magazine sus-cité, on peut également lire "Le single "Skip The Charades" est l'un des morceaux favoris de Willett. "C'est aussi gros qu'une chanson des White Stripes mais aussi mélodique et arrangé qu’un truc que Coldplay aurait souhaité écrire." Le problème, Nate, c’est White Stripes et Coldplay dans la même phrase.