Meteorites
Echo & The Bunnymen
Promis, cette chronique ne sera pas construite sur une longue et pénible métaphore gravitant autour du lexique spatial. Mais on peut quand même dire en risquant de se prendre une torgnole que ce nouvel album d'Echo & The Bunnymen nous est tombé sur la binette comme un OVNI. Bien que l'on pensait que l'équipe liverpudlienne avait délivré ses dernières pépites en 1984 avec son désormais mythique Ocean Rain, il semblerait que Ian McCulloch et son collègue Will Sergeant aient redécouvert une forme de vie qu'ils avaient négligée ces 30 dernières années dans l'hémisphère droit de leur éminente cervelle. Les moins exigeants diront que cette traversée du vide intergalactique ne se résumait qu'aux années 90, mais on ne peut nier que les derniers albums du groupe manquaient d'une certaine noblesse et d'ambition. Et c'est exactement pourquoi Meteorites représente une véritable libération pour tous les fans d'Echo & The Bunnymen. En effet, on y renoue enfin avec la mélancolie contagieuse de ce groupe, dont le romantisme n'était déjà pas une posture creuse et tributaire de la mode dans les années 80 et arrive à répondre avec brio aux attentes des années 2010. En d'autres termes, cela fait 30 ans que McCulloch et Sergeant n'avaient pas sonné aussi actuels, et avec des chansons dont le sonwriting est irréprochable, de surcroît.
Le fait que la production ait été confiée au bassiste de Killing Joke (aka Youth) sans que cela ne sonne rétro ajoute de la valeur à ce disque et confirme l'exploit des ces types à la cinquantaine bien tassée. Ajoutez à cela la voix de Ian McCulloch qui habite l'intégralité des morceaux et leur confère une dimension prophétique, des arrangements de cordes sublimes (une marque de fabrique du groupe qui a inspiré nombre de formations britpop, de The Verve à Oasis) s'imbriquant avec les guitares effervescentes de Sergeant et vous comprenez vite que vous êtes en présence d' un des plus grands tour de force de l'année en matière de rock britannique. Plus qu'un grand retour, Meteorites s'érige en master class à destination des jeunes générations s'essayant au rock évanescent-psyché. Ce disque est éblouissant de maîtrise et réussit exactement là où le Luminous des Horrors avait échoué, à savoir susciter l'excitation chez l'auditeur à l'aide de voix habitées, convaincues et convaincantes et de chansons mêlant parfaitement les mélodies mnémoniques ("Market Town") avec un groove qu'on ne le leur connaissait même pas dans les années 80. Indéniablement, il faudra à nouveau compter avec ces quinquas magnifiques si on veut évoquer la pertinence du rock de nos jours.