Mémoires Vives
Grand Blanc
Après un premier EP où Grand Blanc avait créé chez certains une petite attente, pas toujours simple d'enchainer avec un long format qui se doit évidemment d'être à la hauteur. Il faut dire que les amateurs de rock en français sont bien à la peine en 2016, et ce ne sont certainement pas Les Insus qui vont leur mettre du baume sur le cœur. Du coup, quand un petit groupe de jeunes armés d'une fausse ingénuité se lançait dans de la new-wave électrisée aux guitares et portée par des textes rentre-dedans, on s'était dit qu'il y avait du potentiel. Tout ça pour se retrouver avec un album d'électro-pop aux textes abscons. Déception.
Le ton est directement donné avec le morceau d'ouverture : "Suprise Party". Les claviers pimpés ont remplacé pour une bonne partie les guitares, les textes enchaînent les rimes riches et les rapprochements sémantiques vides de sens et de poésie. Jusqu'ici, pourtant, ça va pas si mal. Dès le second titre, on comprend que l'album sera pénible. "Bosphore" pourrait être un morceau tiré de l'album tektonik de Mylène Farmer tandis que "Verticool" nous évoque une reprise francophone d'un pauvre titre de Bloc Party. "Tendresse" tente d'intégrer des influences electronica et c'est particulièrement lourdingue, tout comme le refrain dégoulinant de "Evidence".
Pourquoi évite-t-on complètement le naufrage alors ? D'une part, parce qu'il y a de temps en temps des bonnes idées (dans le texte de "Summer Summer" ou le phrasé dans "L'amour fou", par exemple). D'autre part, parce que l'album offre malgré tout une certaine consistance, une qualité de production, une ambiance qui accroche. Bref, Mémoire Vives est typiquement le genre de disque qui peut devenir un plaisir coupable : on sait que l'écriture et la composition sont à côté de la plaque, mais on chante quand même "Surprise Party - Un jour on rallume et tout le monde est parti" comme des cons.
Évidemment, c'est bien peu pour nous consoler des espoirs qu'on avait après les titres quand même bien plus percutants que sont "Degré Zéro" ou "Samedi La Nuit" (ce dernier étant également présent sur l'album sous forme de titre bonus). Est-ce l'influence de Sony (en partenaire de distribution avec les disques Entreprises) ou l'envie d'un résultat plus facile d'accès et adapté au live (c'est vrai que les morceaux de l'album passent un peu mieux en concert) qui est à l'origine de cette déception ? Ou simplement les errements d'un groupe très jeune qui aurait le potentiel de s'améliorer dans les prochaines années ? L'avenir nous le dira (ou pas).